Atteinte d'une maladie grave, une femme retrouve la parole grâce à l'IA
Grâce aux progrès de l'intelligence artificielle (IA), des chercheurs américains ont redonné la parole à une femme, paralysée à cause de la maladie de Charcot.
La parole est un don que beaucoup d'entre nous tiennent pour acquis. Mais pour ceux qui en sont privés en raison d'une paralysie, une étude publiée dans la revue Nature le 23 août offre un nouvel espoir. Grâce à l'intelligence artificielle (IA) et aux implants neuronaux, les personnes atteintes de paralysie faciale pourraient bientôt retrouver la capacité de parler avec autrui. Des chercheurs américains ont mis au point des technologies d'interface cerveau-ordinateur (BCI) qui permettent aux personnes paralysées de communiquer plus rapidement et plus précisément. Autrement dit, ces implants dans le cerveau décodent leurs pensées pour en faire des mots.
"Trois mots sur quatre sont déchiffrés correctement"
Une équipe de l'Université de Stanford a collaboré avec Pat Bennett, une femme 67 ans atteinte de la maladie de Charcot (ou sclérose latérale amyotrophique) et qui avait perdu sa capacité de parler à cause de la maladie. Son cerveau continuait cependant d'envoyer des signaux indiquant son intention de parler. Ils ont implanté des mini-électrodes dans les zones du cerveau impliquées dans la parole et utilisé des algorithmes pour interpréter l'activité neuronale lorsqu'elle tentait de prononcer des phrases. L'IA a ensuite décodé les mots à partir des phonèmes. "Ce système est formé pour savoir quels mots doivent précéder les autres et quels phonèmes composent quels mots", a déclaré le Dr Frank Willett, neuroscientifique à l'Université de Stanford et co-auteur de l'étude. Résultat ? L'interface a décodé la parole à une vitesse de 62 mots par minute avec un taux d'erreur de mots de 9,1 % pour un vocabulaire de 50 mots différents. "Environ trois mots sur quatre sont déchiffrés correctement", a commenté le Dr Willett lors de la conférence de presse. Pour lui "il est possible d'imaginer un avenir dans lequel nous pourrons redonner une conversation fluide à une personne paralysée".
"Pour ceux qui ne parlent pas, cela signifie qu'ils peuvent rester connectés au monde plus vaste, peut-être continuer à travailler, entretenir des relations amicales et familiales" a souligné Pat Bennett. Dans une autrée étude, l'Université de Californie à San Francisco a travaillé avec Ann, une femme de 47 ans, muette depuis un accident vasculaire cérébral (AVC). Plutôt que d'implanter des électrodes, ils ont utilisé une technique moins invasive appelée "électrocorticographie (ECoG)". Leur BCI a produit 78 mots par minute avec un taux d'erreur de 25,5% pour un vocabulaire de 1024 mots. Les chercheurs ont également créé des algorithmes pour convertir les signaux cérébraux d'Ann en une voix synthétique et ils ont personnalisé la voix pour qu'elle ressemble à celle d'Ann. "Le simple fait d'entendre une voix semblable à la vôtre est émouvant" a déclaré Ann. Bien que ces percées soient révolutionnaires, de nombreuses améliorations sont encore nécessaires. Les appareils doivent également être testés sur un plus grand nombre de personnes pour prouver leur fiabilité. Un BCI idéal serait entièrement implantable et sans fil, évitant toute complication due à des câbles ou des connecteurs.