Charge mentale et cancer : quel impact chez la femme ?

En France, le nombre de cancers féminins augmente de 5% par an. Charge mentale, précarité, retour au travail, vie de couple et intime, gestion du foyer... L'impact social de la maladie semble plus lourd pour les femmes, rapporte une étude de l'Institut Curie réalisée à l'occasion de la Journée Mondiale contre le Cancer. Résultats et pistes de prise en charge.

Charge mentale et cancer : quel impact chez la femme ?
© iordani - 123RF

Avec 177 400 nouveaux cas par an (chiffre de l'Institut national du Cancer), le nombre de cancers chez la femme est en augmentation en France (+5% par an), notamment sous l'effet du tabagisme ou à cause d'un défaut de prévention, rappelle l'Institut Curie à l'occasion d'une étude - publiée le 3 février 2022, dans le cadre de la Journée mondiale contre le cancer (4 février)- sur les impacts sociaux, intimes et professionnels des cancers féminins. L'étude, menée sur 1 500 personnes, a révélé des disparités en termes de charge mentale, d'organisation familiale, de vie intime et de retour à l'emploi entre les hommes et les femmes. Principaux constats :

L'Institut national du Cancer (InCa) estime en 2021 que :

  • Le cancer est la 2e cause de décès chez la femme en France
  • 46% des nouveaux cas de cancer concernent les femmes (soit 177 400 cas) en 2018
  • Les cancers les plus fréquents chez la femme sont le cancer du sein (33%), le cancer colorectal (11%) et le cancer du poumon (8,5%) 
  • Le nombre de nouveaux cas d'hémopathies malignes (cancers du sang) est de 20 000 chez la femme.
  • 3 dépistages sont disponibles chez la femme : sein, col et côlon
  • 43% des Français pensent qu'il existe des inégalités entre hommes et femmes en matière de charge mentale et d'organisation familiale
  • 37% d'entre eux pensent que ces inégalités sont en défaveur des femmes
  • 6% d'entre eux pensent que ces inégalités sont en défaveur des hommes. 

Quel impact sur la sexualité ?

Toujours selon l'étude de l'Institut Curie, une femme sur deux considère que les femmes ne peuvent pas retrouver la même vie intime qu'avant d'être malade. Les femmes ayant eu un cancer sont confrontées aux conséquences intimes et sexuelles du cancer, et aussi de ses traitements. Pour autant, "il est crucial de pouvoir évoquer et légitimer ces questionnements autour de la sexualité et de l'intimité", insiste le Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre, cheffe du service psycho-oncologie et social de l'Institut Curie. En ce sens, l'Institut propose à ses patientes un accompagnement global et un parcours de soins axé sur ces questionnements intimes. Soignants, psychiatres et psychologues interviennent sur des problématiques liés à l'estime de soi, l'altération de l'image de leur corps, la vie de couple, les relations intimes... La nutrition et l'activité physique contribuent pleinement à la prise en charge. Par ailleurs, l'Inca a labellisé en septembre 2021 un référentiel sexualité et cancer, qui a donné naissance à la création d'un groupe de travail "oncosexologie". Ce groupe de travail a pour objectif d'améliorer la "santé sexuelle" de la patiente, parfois troublée par les traitements du cancer et la maladie qui représente souvent un tabou. 

Quel impact sur le travail ?

Plus de la moitié des Françaises pense que les femmes atteintes de cancer ne peuvent pas retrouver la même vie professionnelle qu'avant la maladie, met en lumière l'étude de l'Institut Curie. Le cancer constituerait ainsi un facteur aggravant les situations de précarité des femmes : une personne sur cinq n'a pas repris le travail un an après les traitements et les femmes, après un cancer, ont eu plus d'arrêts de travail et plus d'aménagements du temps de travail que les hommes. Sur le retour à la vie professionnelle :

  • 45 % des personnes interrogées estiment que les inégalités entre Français sur les cancers sont d'abord liées aux revenus (salaires, aides sociales…).
  • 16% des femmes ayant guéri du cancer estiment que la plus grande difficulté lors de son retour à la vie professionnelle est de subir le regard des autres et les préjugés
  • 13% des femmes trouvent difficile de retrouver leur place d'avant et/ou d'être aussi performante qu'avant la maladie

Pour minimiser l'impact du cancer sur la vie professionnelle, l'Institut Curie a créé son Unité transversale d'éducation thérapeutique, regroupant notamment l'association WeCare@Work, un projet qui porte sur les représentations du travail pour les professionnels de santé, la facilité d'arrêter le travail et qui intègre un volet d'éducation thérapeutique ouvrant la voie à un changement de culture et d'autonomie du patient ainsi qu'une relation soignants-soignés davantage tournée vers l'écoute.

Source : étude Cancer au féminin : les impacts sociaux, intimes et professionnels en questions, réalisée par Viavoice* pour l'Institut Curie. Réalisée en ligne en janvier 2022 auprès d'un échantillon de 1 500 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.