Des antibiotiques augmenteraient le risque de maladie de Parkinson

L'exposition à certains types d'antibiotiques pris par par voie orale serait associée à un risque plus élevé de maladie de Parkinson, suggèrent des scientifiques finlandais. Particulièrement ceux de la famille des macrolides et des lincosamides.

Des antibiotiques augmenteraient le risque de maladie de Parkinson
© belchonock - 123RF

La prise excessive de certains antibiotiques par voie orale augmenterait le risque de maladie de Parkinson, montrent des chercheurs de l'Hôpital universitaire d'Helsinki en Finlande dans une étude* publiée le 18 novembre 2019. Sur la base des données médicales nationales finlandaises, ils ont comparé l'exposition aux antibiotiques chez 13 976 personnes ayant reçu un diagnostic de maladie de Parkinson à celle de 40 697 témoins non malades. Résultats :

  • Le risque de maladie de Parkinson était plus élevé avec les macrolides** et les lincosamides***, deux familles d'antibiotiques oraux prescrits couramment contre diverses infections microbiennes (du nez, de la gorge et des oreilles, des bronches, des poumons, de la peau, des organes génitaux et de la bouche, notamment lorsque les pénicillines ne peuvent pas être utilisées).
  • L'exposition aux anti-anaérobies et aux tétracyclines était associée à un risque accru de maladie de Parkinson jusqu'à 15 ans avant le diagnostic.
  • Il existait également des liens pour les sulfamides, les triméthoprimes et les antifongiques jusqu'à 5 ans avant le diagnostic.

"La maladie de Parkinson pourrait provenir de l'intestin"

"Le lien entre l'exposition aux antibiotiques et la maladie de Parkinson correspond à l'opinion actuelle selon laquelle, chez une proportion significative de patients, la maladie de Parkinson pourrait provenir de l'intestin, possiblement liée à des changements microbiens, des années avant l'apparition des symptômes moteurs typiques de la maladie", a déclaré Filip Scheperjans, neurologue et auteur de l'étude. Avec son équipe, ils avaient déjà montré que la consommation excessive de certains antibiotiques pouvait avoir des effets sur les microbes intestinaux à long terme. Et que l'altération de ce microbiote intestinal précédait souvent l'apparition de symptômes typiques de Parkinson. Il existerait en fait une connexion neuronale entre notre cerveau et nos intestins. Les chercheurs ont aussi rappelé que les personnes souffrant de troubles intestinaux tels que le syndrome du côlon irritable, la constipation ou les maladies inflammatoires de l'intestin peuvent être plus à risque de Parkinson.

La maladie de Parkinson tue les cellules dopaminergiques de la substance noire, une partie du cerveau qui contrôle les mouvements. La dégradation de ces cellules entraîne une raideur, des tremblements, des problèmes d'équilibre et d'autres symptômes tels qu'une dépression, des troubles de l'humeur et du sommeil. Selon la Fondation Parkinson, environ 10 millions de personnes sont touchées par la maladie de Parkinson dans le monde. En France, on estime que plus de 160 000 personnes en sont atteintes

Des investigations complémentaires pour confirmer ces résultats

De plus en plus d'études mettent en évidence des liens entre les modifications des microbes intestinaux et des affections cérébrales telles que la sclérose en plaques, l'autisme, la schizophrénie, la dépression et la maladie de Parkinson. Cependant, d'autres études sont nécessaires pour savoir si les changements microbiens intestinaux sont bien à l'origine de la maladie de Parkinson ou s'ils l'accompagnent simplement. "Si de futures études aboutissent aux mêmes conclusions, une susceptibilité accrue à la maladie de Parkinson pourrait s'ajouter à la liste des dangers potentiels que les médecins devront prendre en compte lors de la prescription d'antibiotiques", concluent les auteurs.

*Source : Etude "Antibiotic exposure and risk of Parkinson's disease in finland: A nationwide case‐control study" publiée le 18 novembre 2019 dans la revue Movement Disorders et menée par des chercheurs de l'Hôpital universitaire d'Helsinki en Finlande.

**Exemples de Macrolides commercialisés en France : Azadose®, Azithromycine®, Clarithromycine®, Disulone®, Egery®, Ery®, Erythrocine®, Josacine®, Ordipha®, Rovamycine®, Roxithromycine®, Rulid®, Spiramycine®, Zeclar®, Zithromax®.

***Exemples de Lincosamides commercialisés en France : Clindamycine®, Dalacine®, Lincocine®.