Médicament contre la polyarthrite : gare à l'embolie avec le Xeljanz
Prescrit en cas de polyarthrite rhumatoïde, le Xeljanz® (tofacitinib) pourrait augmenter le risque d'embolie pulmonaire et de décès chez les patients présentant des facteurs de risque de thrombose, rappelle l'ANSM. A partir de quelle dose est-il dangereux ? Que faire en cas de symptômes inhabituels ?
[Mis à jour le lundi 10 février 2020 à 10h51] Le Xeljanz® (tofacitinib) est indiqué dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, du rhumatisme psoriasique et de la rectocolite hémorragique, après un échec d'un ou de plusieurs traitements de fond antirhumatismaux. Suite à la réévaluation du rapport bénéfice/risque du Xeljanz® par l'Agence européenne des médicaments (EMA), l'ANSM rappelle dans un communiqué du 6 février 2020 que ce médicament doit être utilisé avec prudence chez les patients présentant des facteurs de risque connus de thrombose, quelle que soit l'indication et la posologie. La raison ? Sa prise, à des doses élevées (10mg, deux fois par jour) serait associée à "un risque accru d'embolie pulmonaire et de décès chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde présentant au moins un facteur de risque cardiovasculaire."
Les patients à haut risque de thrombose sont ceux ayant :
- Des antécédents de crise cardiaque
- Des antécédents d'insuffisance cardiaque
- Des antécédents de cancer
- Des antécédents de maladie héréditaire de la coagulation
- Des antécédents de thrombose
- Des traitements par contraceptif hormonaux combinés
- Des traitements de substitution hormonale
- Eu une intervention chirurgicale importante
- Les patients immobiles
Les professionnels de santé susceptibles d'administrer du Xeljanz® doivent également prendre en compte les autres facteurs susceptibles d'augmenter le risque de thrombose, tels que l'âge, l'obésité, le diabète, l'hypertension et le tabagisme. L'ANSM demande aux médecins de contacter leurs patients à risque élevé d'embolie pulmonaire qui sont actuellement traités à la dose de 10 mg deux fois par jour. Pour ces patients, une alternative thérapeutique au Xeljanz® doit être instaurée.
Bien respecter la posologie
Pour les autres patients, l'ANSM demande aux professionnels de santé et aux patients de bien respecter la dose autorisée de Xeljanz® (tofacitinib) dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde : à savoir, 5 mg deux fois par jour maximum. Par ailleurs, les patients sont priés de ne pas stopper ou modifier le dosage de leur traitement sans en avoir parlé au préalable à leur médecin. Un courrier devrait prochainement être transmis à l'ensemble des professionnels de santé susceptibles de prescrire ce médicament.
Que faire en cas de symptômes d'embolie pulmonaire ?
Sont invités à consulter un médecin immédiatement, les patients traités par Xeljanz® (tofacitinib) présentant des symptômes d'embolie pulmonaire ou d'autres symptômes inhabituels :
- Essoufflement soudain ou difficulté à respirer,
- Douleur à la poitrine ou au dos,
- Toux sanglante,
- Transpiration excessive,
- Peau moite ou bleuâtre.
Qu'est-ce que la polyarthrite rhumatoïde ?Il s'agit d'une maladie inflammatoire chronique qui touche les articulations. Ces dernières se détruisent progressivement, ce qui peut entraîner de sévères handicaps. Maladie auto-immune, la polyarthrite rhumatoïde débute généralement par un enraidissement douloureux de plusieurs articulations comme les poignets, les mains ou les doigts. Si elle n'est pas prise en charge à temps, la maladie peut concerner toutes les articulations comme les coudes, les épaules, les orteils, la hanche, les genoux... et potentiellement conduire à des déformations articulaires ou des destructions tendineuses. En France, cette maladie touche entre 0,3 à 0,8 % de la population adulte, soit environ 200 000 personnes et serait deux à trois fois plus fréquente chez la femme que chez l'homme, d'après le site de l'Inserm. |
Sources :
- Lettre aux professionnels de santé "nouvelles recommandations d'utilisation du Xeljanz chez les personnes élevé de thromboe, 6 février 2020, ANSM.
- Point d'information "L'ANSM demande aux professionnels de santé et aux patients de bien respecter la dose autorisée dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde", 20 mars 2019, ANSM.
- Pour déclarer tout effet indésirable suspecté d'être lié à la prise d'un médicament, rendez-vous sur le portail : www.signalement-sante.gouv.fr