Les hospitalisations augmentent avec les pics de pollution
Une étude menée par le CHU d'Amiens montre une augmentation des hospitalisations et consultations aux urgences pour exacerbation des symptômes de la BPCO lors des épisodes de fortes pollutions.
Plus l'air est pollué, plus les personnes atteintes de BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) ont du mal à respirer et plus elles se rendent à l'hôpital, avance l'étude PolluBPCO du CHU d'Amiens. Les auteurs ont analysé les données de 168 patients qui ont consulté 240 fois pour exacerbations* de BPCO au cours de l'année 2017. La plupart des patients inclus dans l'étude avaient une BPCO d'un stade avancé : 35,1% en stade 3 et 35,1 % en stade 4, contre 6,5 % en stade 1.
Les observations :
- Durant les épisodes de pollution de l'air occasionnés par les particules fines PM10 en janvier et février 2017, 3 pics de consultations de patients atteints de BPCO ont été observés, ainsi qu'un taux moyen d'hospitalisation plus élevés.
- Les pics de consultations ont eu lieu en général entre 3 et 5 jours après le début du pic de pollution.
- Le pic d'ozone en été durant la période de canicule correspond également à un pic de consultation pour exacerbations.
- De juin à septembre, il n'a été constaté aucun pic de pollution aux particules PM10 et aucun pic d'exacerbations de BPCO.
Pour les auteurs, "les niveaux des particules PM10 et PM2.5, de dioxyde d'azote et d'ozone n'expliquent pas, à eux seuls, l'augmentation des consultations aux urgences pour cause d'exacerbation de la BPCO mais leur rôle est significativement établi". L'épidémie de grippe (pics en janvier-février et en décembre) aggrave également les symptômes de BPCO, ainsi que les pollens "même si leur impact est moins clair". Dans tous les cas "la mise en évidence d'un lien entre la sur-hospitalisation pour cause d'exacerbation de la BPCO et les pics de pollution pourrait être un élément de décision des pouvoirs publics pour améliorer la qualité de l'air".
Le CHU d'Amiens va mener de nouvelles analyses en 2019, avec notamment un suivi de douze patients, inclus dans le projet PolluBPCO et ayant connu plus de deux exacerbations de leur BPCO en 2017. Un second volet de recherche sera mené en 2020 avec l'étude BePoPi qui inclura la composition des particules et une analyse des métaux lourds, présents dans l'air.
*majoration des symptômes respiratoires, débutant de façon aiguë, durant plus de 48 heures, ou justifiant une modification thérapeutique.