Eviter 1.5 million de décès dus à l'hépatite C d'ici 2030

Selon une nouvelle étude publiée le lundi 28 janvier 2019, 15 millions de nouvelles infections et 1.5 million de décès liés à l'hépatite C pourraient être évités, grâce notamment à un dépistage massif et à un meilleur accès aux traitements antiviraux.

Eviter 1.5 million de décès dus à l'hépatite C d'ici 2030
© Jarun Ontakrai - 123RF

71 millions. C'est environ le nombre de personnes porteuses chroniques de l'hépatite C à l'échelle mondiale, selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé. Et 10 à 20% d'entre elles développent des complications hépatiques comme une cirrhose ou un cancer du foie. A l'origine de plus de 400 000 décès chaque année, cette maladie infectieuse du foie causée par le virus VHC reste un enjeu de santé publique. Voilà pourquoi, en 2016, les 194 Etats membres de l'OMS se sont engagés à réduire le nombre de décès de 65 % et le nombre de nouvelles infections de 80 % d'ici 2030. Un objectif ambitieux, mais tout à fait réalisable, confirme une nouvelle étude publiée le lundi 28 janvier 2019 dans la revue scientifique The Lancet. En effet, selon les auteurs de l'étude, "15 millions de nouvelles infections (soit -80 % par rapport à 2015) et 1.5 million de décès (soit -60 % par rapport à 2015) à cause d'une cirrhose ou d'un cancer du foie pourraient être évités". 

Comment atteindre cet objectif ? "L'élimination du virus de l'hépatite C est un objectif extrêmement ambitieux qui nécessite de renforcer les interventions de prévention, d'améliorer les programmes de dépistage, particulièrement dans les pays les plus touchés tels que la Chine, l'Inde et le Pakistan, et de rendre les traitements plus accessibles", indique le Pr Alastair Heffernan, directeur de la recherche. En effet, "la mise en place d'un programme de dépistage massif, portant sur 90 % des personnes atteintes, et une augmentation rapide du nombre de nouveaux traitements à court terme c'est-à-dire 51.8 millions de traitements antiviraux à action directe (AAD) d'ici 2030", contribueraient à atteindre les objectifs fixés par l'OMS. Et d'ajouter "qu'en Egypte, pays fortement touché par l'hépatite C, 700 000 patients ont pu être traités par des AAD". A savoir que ces AAD, apparus en 2014, ont permis d'augmenter les taux de guérison à plus de 90 %, de limiter nettement les risques de présenter des effets secondaires (ils sont très bien tolérés par les patients) et de réduire la durée du traitement. Seul bémol, les AAD sont très coûteux et leur accès reste encore limité. 

Qu'en est-il en France ? "En France, où les traitements sont pris en charge à 100 % pour tout assuré social porteur chronique du virus, l'objectif d'élimination de l'hépatite C a été fixé à 2025", avançait le Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l'hôpital Beaujon, à l'occasion du 12e Congrès international sur les maladies du foie (Paris, 14 janvier 2019). Un objectif théoriquement réalisable, puisque l'on estime qu'il restait fin 2018 environ 100 000 personnes à traiter. Or, parmi ces 100 000 individus, 75 000 ignorent qu'ils sont contaminés, l'hépatite C étant une maladie silencieuse et d'évolution lente. Ainsi, "seule une massification du dépistage du virus permettra à la France de tenir cet objectif de santé publique, et à ces malades qui s'ignorent de se débarrasser du virus avant qu'il ne soit trop tard", concluait l'hépatologue.

L'hépatite C est une maladie infectieuse du foie causée par le virus de l'hépatite C (VHC). Ce virus est transmis par le sang, particulièrement lors d'un rapport sexuel, de la consommation de drogues injectables sans précaution d'hygiène, ou d'injections à risque (réutilisation ou mauvaise stérilisation du matériel médical, en particulier des seringues et des aiguilles, dans certains centres de soins). A l'heure actuelle, il n'existe pas de vaccin contre l'hépatite C, toutefois des chercheurs travaillent sur l'élaboration d'un vaccin pour contrer ce virus. 

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