Réforme santé : qu'est-ce qu'elle va changer ?
Suppression du numerus clausus, dossier médical partagé… Emmanuel Macron a présenté son plan de réforme du système de santé.
Pour renforcer l'offre de soins, Emmanuel Macron a présenté son plan "Ma Santé 2022" et débloqué un budget conséquent de 3,4 milliards d'euros, dont près d'un milliard consacré à l'investissement hospitalier. Objectif ? Améliorer l'organisation des soins, en ville comme à l'hôpital. De fait, le système actuel est devenu inadapté : il est de plus en plus difficile d'obtenir un rendez-vous en ville, alors même que la population vieillit et souffre de plus en plus de pathologies chroniques qui nécessitent un suivi régulier. Résultat : le patient doit faire lui-même le lien entre tous les médecins et organiser les rendez-vous et les examens. Du côté des médecins, l'heure est à la frustration. Ils manquent de temps pour leurs patients et croulent sous les charges administratives. Globalement, le système de soins est clivé entre l'hôpital d'un côté et les médecins de ville de l'autre. Le manque d'outils et de structures de coordination empêche le bon suivi des patients. Le plan comporte une cinquantaine de mesures. En voici les principales :
Suppression du numerus clausus
Pour augmenter le nombre de médecins, le redoutable concours, qui a traumatisé des générations d'étudiants, va disparaître d'ici 2020. De même que les quotas de places en médecine, pharmacie, dentaire et maïeutique (sages-femmes).
Un nouveau venu dans les cabinets médicaux, l'assistant médical
Aujourd'hui, si l'accès aux médecins est devenu problématique et que les délais d'attente des consultations se sont allongés, c'est en partie parce que les médecins manquent de temps médical dédié aux patients. Pour y remédier, et dégager du temps médical, le plan propose de créer, dès 2019, 4000 postes d'assistants médicaux. Leur rôle ? Epauler les médecins dans leurs corvées administratives. "L'idée est de débarrasser le médecin de la paperasse, mais surtout de l'aider dans son activité quotidienne", explique à l'AFP Jean-Paul Ortiz, président du syndicat de médecins CSMF. En effet, ces nouveaux assistants pourront aussi aider le médecin dans certains actes simples, comme la prise de tension, de poids, etc.
Des créneaux de consultation allongés, jusqu'à 20 h
Avec ce temps médical "regagné", les médecins seront priés d'accepter de nouveaux patients et d'assurer des consultations sans rendez-vous en journée, jusqu'à 20 h. L'idée est aussi de désengorger les services d'urgences et de faire des économies. Comme l'a rappelé Emmanuel Macron lors de la présentation de son plan Santé, un passage sur cinq aux urgences coûte 250 euros à l'Assurance maladie alors qu'il pourrait être pris en charge par un médecin de ville. En clair, les services d'urgence doivent progressivement être réservés aux "urgences vitales", a expliqué Emmanuel Macron.
Des parcours de soin pour les pathologies chroniques
Qu'il s'agisse d'asthme, de diabète, ou encore d'insuffisance cardiaque, le rôle du patient est primordial dans la prise en charge de sa pathologie. Dans ces pathologies en effet, les patients sont souvent à domicile, mais ont besoin d'un suivi régulier, qui n'est pas toujours possible en raison des délais d'obtention de rendez-vous. Ils font de plus appel à différents spécialistes, en ville ou à l'hôpital, parfois déconnectés les uns des autres. Parfois isolés, les patients doivent donc avoir des clés pour participer à leur prise en charge. Ma Santé 2022 propose d'aller davantage vers une logique de parcours de soins visant à limiter, tout au long de la prise en charge, les actes redondants ou les pratiques non pertinentes. Concrètement, il s'agit de formaliser des guides de prise en charge pour les maladies chroniques, en tenant compte du vécu et des retours d'expérience des patients. L'idée étant de placer le patient au centre du parcours de soin et de lui permettre de devenir acteur de sa santé.
Un espace numérique pour tous les Français
À horizon 2022, tout usager du système de santé disposera, sauf refus explicite de sa part, d'un espace numérique de santé individuel qui lui permettra un accès sécurisé à ses données de santé et qui lui donnera toutes les informations pour s'orienter dans le système de santé. Chaque usager pourra retrouver dans cet espace ses compte-rendu d'hospitalisation, ses résultats d'examen ou documents déposés dans son dossier médical partagé (DMP), ou encore les informations sur ses droits à l'assurance maladie. Il disposera également des informations utiles concernant l'offre de soins du territoire. Il aura accès aux services de prise de rendez-vous en ligne proposés par les professionnels et les établissements de santé. Par ailleurs, cet espace accompagnera l'usager en lui proposant des outils d'éducation et de prévention adaptés à sa situation. La généralisation du DMP en novembre 2018 constituera les premières pierres opérationnelles de cet espace numérique individuel.
Davantage de médecins pour les déserts médicaux
Le système d'aujourd'hui, basé sur l'exercice cloisonné de la médecine, déconnecté de l'hôpital, le Président n'en veut plus. Dès 2019, 400 postes supplémentaires de médecins généralistes à exercice partagé ville-hôpital seront financés et envoyés dans les territoires prioritaires pour lutter contre les déserts médicaux. Ils seront salariés par le centre hospitalier de proximité ou un centre de santé pour y proposer des consultations. Cette mesure répond aussi à l'aspiration des jeunes générations qui sont en demande d'un exercice collectif, parfois salarié. Pour les patients, cela contribuera à garantir l'accès au médecin traitant, partout sur le territoire.
Consulter les 10 mesures phares du plan Ma santé 2022,