Pourquoi faire la grasse matinée est bon pour la santé ?
Traîner au lit le week-end permettrait d'éviter une mort prématurée. C'est en tout cas ce que révèle une étude suédoise sur le sommeil. Que faut-il retenir ? Explications et conseils du Dr Royant-Parola, spécialiste du sommeil.
"La journée appartient à ceux qui se lèvent tôt" ? Pas si sûr, selon une récente étude suédoise (mai 2018) intitulée "La durée du sommeil et la mortalité" et menée par des chercheurs du Stress Research Institute de l'Université de Stockholm. Résultats : en étudiant les comportements nocturnes et d'autres facteurs (genre, IMC, usage de somnifères, consommation de tabac, d'alcool, de caféine, activité physique…) de près de 44 000 personnes pendant treize ans, ils ont constaté que le fait de compenser les nuits trop courtes de la semaine en dormant plus longtemps les samedi et dimanche matins permettrait d'éviter une mort prématurée. L'étude vient également confirmer ce que d'autres études avaient déjà démontré : une durée de sommeil insuffisante serait liée un taux de mortalité plus élevé. En effet, un adulte de moins de 65 ans qui dort trop peu - soit moins de cinq heures par nuit - aurait 65 % plus de risques de mourir prématurément. Mais dormir trop ne serait pas pour autant meilleur pour la santé : l'espérance de vie des adultes de moins de 65 ans qui dorment chaque nuit, plus de huit heures, serait réduite de 25 % par rapport à celle des personnes dormant 6 ou 7 heures quotidiennement. Tout serait donc une question d'équilibre. Après 65 ans, il ne semble plus y avoir de lien entre le nombre d'heures de sommeil et la mortalité, indique l'étude. Autre fait surprenant : "le sommeil du week-end serait un sommeil de rattrapage", indique le Pr Torbjörn Akerstedt, l'un des chercheurs. En effet, les adultes de moins de 65 ans dormant très peu du lundi au vendredi, mais qui font des grasses matinées le samedi et le dimanche auraient une espérance de vie égale à ceux qui ont un sommeil équilibré et régulier. Dormir plus le week-end rattraperait donc le manque de sommeil de la semaine.
"Ces résultats sont à nuancer et ne concernent qu'une partie de la population"
Des résultats à nuancer. Si les amateurs de grasse matinée peuvent désormais se lever tard les week-end sans culpabiliser, les conclusions de cette étude viendraient-elles contrecarrer l'idée selon laquelle avoir un cycle de sommeil régulier serait meilleur pour la santé ? "Ces résultats sont à nuancer et ne concernent qu'une partie de la population", précise le Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre au Centre d'Exploration du Sommeil à la Clinique du Château de Garches et présidente du Réseau Morphée, avant d'ajouter que "ce qu'il faut retenir de cette étude, c'est que pour les gens en privation de sommeil (à savoir, les personnes qui dorment moins de 5 heures par nuit), il est préférable de récupérer le week-end, quitte à décaler leurs heures de sommeil plutôt que de se lever tôt et ainsi d'accentuer la déficience de sommeil de la semaine". Mais pour l'experte du sommeil, si dormir 5 heures par nuit est excessivement peu et insuffisant, cela ne concerne pas l'ensemble de la population et encore moins les enfants et adolescents. En somme, pour ces personnes qui dorment (très) insuffisamment, il est préférable de rattraper un manque de sommeil le week-end et donc de faire des grasses matinées. En revanche, pour les personnes dormant entre 6 et 7 heures par nuit et pour celles ayant plus de 65 ans, faire une grasse matinée le week-end n'apporte pas de bénéfices particuliers. "En ce sens, les résultats de cette étude amènent une information supplémentaire sur la "dette de sommeil", mais ne viennent absolument pas contredire le fait qu'avoir un rythme sommeil-éveil régulier est meilleur pour la santé", corrige-t-elle.
"Lorsqu'on dérègle son horloge, particulièrement avec des ruptures de rythme entre la semaine et le week-end, on introduit des modifications métaboliques délétères pour son organisme (risques de diabète, d'obésité...)", indique la spécialiste du sommeil. Pour préserver sa santé, l'idéal est d'avoir un sommeil suffisant (on rappelle que la durée de sommeil nécessaire à nos besoins est variable d'une personne à l'autre : certains ont naturellement besoin de dormir peu, d'autres un peu plus) et régulier. Dans la mesure du possible, préférez toujours vous lever et vous coucher aux mêmes heures, et évitez les écrans avant d'aller au lit.