Comment limiter les pesticides dans les fruits et légumes ?
L'ONG Générations futures a dressé un classement des fruits et légumes qui contiennent le plus de pesticides. Voici 5 astuces pour réduire les risques.
Pour la première fois, un classement des fruits et légumes non bio en fonction de la mesure de résidus en pesticides a été réalisé par l'ONG Générations futures, qui milite pour une agriculture respectueuse de l'environnement et de la santé humaine. En tout, 19 fruits et 33 légumes ont pu être étudiés sur la base des données fournies par la direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF), entre 2012 et 2016.
Quels fruits et légumes contiennent le plus de pesticides ? Ce n'est pas vraiment une surprise : les pesticides se retrouvent bel et bien dans notre alimentation. Selon cette étude, la présence de résidus de pesticides a été constatée le plus souvent dans les fruits (72,6 % des échantillons) et dans moins de la moitié des légumes (41 % des échantillons). Dans le détail, les raisins, les agrumes, les cerises, les fraises et les pêches arrivent en haut du classement. A l'inverse, les prunes, les kiwis et les avocats sont les fruits dans lesquels on retrouve le moins souvent de résidus de pesticides. Les pommes (pour plus de 79% des échantillons) et les poires (75%), n'échappent pas souvent aux pesticides. Du côté des légumes, ce sont les céleris-branches, les herbes fraîches, les endives, le céleri-rave, ou encore les laitues qui contiennent le plus souvent des résidus de pesticides (entre 65 et 85 % des échantillons). Mais il y a de grandes disparités. A l'inverse, certains légumes sont beaucoup moins infestés par les pesticides. C'est le cas des betteraves, des asperges, du maïs doux, de l'oignon, des patates douces, des choux fleurs (entre 2 % et 8 % seulement).
Quels fruits et légumes dépassent les seuils autorisés ? Mais surtout, le rapport pointe les fruits et légumes qui dépassent les limites maximales en résidus (LMR) de pesticides, fixées par l'Union européenne, donc qui ne devraient pas être dépassées. Résultat : le nombre d'échantillons qui dépasse les limites maximales de résidus reste heureusement bas.
Par exemple, si 82,8% des échantillons de pêches contiennent des résidus de pesticides (6e position sur 19), 0,3% seulement dépassent les LMR, les plaçant de ce fait à la 19e position sur 19.
Parmi les légumes, seuls les artichauts, les betteraves, le maïs, la pastèque, les pois non écossés et les potirons ne présentent aucun dépassement du seuil fixé par l'Union européenne.
On retiendra le top 3 des fruits qui dépassent le seuil autorisé : les cerises (6,6% des échantillons), les mangues/papayes (4,8%), les oranges (4,4%). Et le top 3 des légumes : les herbes fraîches (29,4 %), le céleri-branche (16%) et les blettes (12,1%).
"Notre association encourage le gouvernement à prendre des dispositions rapides et efficaces pour la promotion de l'agriculture biologique et, en même temps, pour mettre en place une vraie politique de changement des systèmes de production sur les surfaces non bio" a déclaré dans un communiqué de presse le président de Générations futures, François Veillerette.
En réaction à cette étude, le président de la Fédération nationale des producteurs de fruits, Luc Barbier, explique au Parisien, qu'il faut inciter les consommateurs à "acheter plutôt de la production française, car explique-t-il, en trente ans, la France a réduit de moitié l'utilisation de produits phytosanitaires, passant de 125 000 tonnes par an à 60 000 tonnes." Et de préciser que contrairement à certaines productions étrangères, les producteurs français n'ont pas le droit d'effectuer des traitements post-récolte, même s'il le reconnaît : "Sauf à récolter une année sur cinq, on ne peut pas produire sans utiliser un minimum de produits phytosanitaires."
Le mot pesticide tire son nom du latin pestis (fléau) et caedere (tuer). Il s'agit d'une substance chimique utilisée pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles, à savoir : les insectes, les vers, les champignons ou encore les bactéries. Ils sont utilisés depuis plus d'un demi-siècle par l'agriculture intensive. |
S'il est impossible de supprimer totalement les pesticides des fruits et légumes, il existe néanmoins des solutions pour les limiter.
Astuce 1 : préférer les fruits et légumes avec des peaux dures
Les fruits et légumes dont la peau est épaisse (avocats, ananas, mangue, pastèque, etc.) sont généralement protégés puisque les pesticides s'y concentrent. La peau n'étant pas consommée, les risques sont donc limités.
Par ailleurs, certains fruits et légumes retiennent peu les pesticides. C'est le cas du kiwi dont les poils limitent l'absorption des substances chimiques. Enfin, d'autres aliments (asperges, chou, brocolis, pomme de terre…) sont moins concernés par les nuisibles, et donc nécessitent moins de traitement.
Astuce 2 : éplucher et bien rincer les fruits et légumes
Certains fruits et légumes (papaye, aubergine…) retiennent les pesticides grâce à leur peau épaisse. Les éplucher semble donc être la meilleure solution pour limiter les risques. Mais le problème, c'est que c'est justement dans la peau que se concentrent les vitamines et les nutriments. Aussi, à défaut de les éplucher, il est indispensable de bien les rincer avant de les consommer.
Astuce 3 : les recettes de grand-mère
Baigner les fruits et légumes dans une bassine contenant de l'eau, du vinaigre blanc et du bicarbonate de soude réduirait la quantité de pesticides sur la peau des fruits et légumes. De même que le vinaigre de pomme et le jus de citron.
Astuce 4 : préférez les fruits et légumes de saison
Parce qu'ils sont produits en France, donc soumis à une réglementation qui limite l'utilisation des pesticides, ils sont plus "fiables" que ceux importés de l'étranger.
Astuce 5 : et issus de l'agriculture biologique
Idéalement, il est conseillé de privilégier les achats auprès des agriculteurs locaux, souvent issus de l'agriculture biologique.
Dans un rapport de juillet 2003, l'Agence de l'alimentation (Anses), confirme que le mode de production biologique, en proscrivant le recours aux produits phytosanitaires de synthèse, élimine les risques associés à ces produits pour la santé humaine et concourt à une moindre pollution environnementale, notamment de la ressource en eau. En outre, l'ensemble des études disponibles montre que la grande majorité des produits biologiques ne contient pas de résidus de pesticides autorisés en agriculture conventionnelle.