Des mesures pour une meilleure réglementation des perturbateurs endocriniens
Après plusieurs années de blocages et de lobbying, le gouvernement a engagé des mesures nationales pour une meilleure réglementation des perturbateurs endocriniens. Cependant, le débat est loin d'être fini.
Les États membres de l'Union européenne ont enfin établi, mardi 4 juillet à Bruxelles, une définition réglementaire des perturbateurs endocriniens utilisés dans les pesticides et les produits phytopharmaceutiques. En parallèle, la Commission Européenne s'est engagée à lutter, plus activement, contre ces produits chimiques qui interfèrent avec le système hormonal et qui sont susceptibles de provoquer des dysfonctionnements comme l'obésité, le diabète ou l'infertilité.
Même combat à l'échelle nationale. En attendant l'évaluation par la Commission, d'interdire ou d'autoriser certains produits contenant des perturbateurs endocriniens, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Stéphane Travert, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation mettront en place des mesures complémentaires à celles prises par l'UE. Ainsi, afin de préserver au mieux la santé des Français et d'évaluer les risques potentiels, ils ont annoncé saisir l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire). Les rapports, qui seront soumis aux industriels, aux agriculteurs et à la société civile, seront remis dans quelques mois.
Des mesures encourageantes. Le Gouvernement prévoit, dès à présent, de donner plus d'indépendance aux agences sanitaires et de mieux informer les consommateurs sur les dangers des perturbateurs endocriniens, notamment avec la mise en place d'un étiquetage mentionnant la présence de ces substances sur les jouets, les cosmétiques et les emballages alimentaires. Par ailleurs, l'Union européenne souhaite consacrer 50 millions d'euros, dès 2018, à la recherche sur les perturbateurs endocriniens et à leur substitution.
Avancée ou non-sens ? Ce dispositif semble certes réjouissant mais ne fait pas le consensus chez les politiques : "Comment peut-on prétendre vouloir lutter contre la prolifération des perturbateurs endocriniens et, en même temps, laisser sur le marché des insecticides connus pour agir sur le système endocrinien ?", s'interroge Michèle Rivasi, députée européenne écologiste. Reste aussi à savoir si la réglementation s'étendra sur tous les secteurs où ces substances sont un réel danger et si les États membres n'abandonneront pas leur combat.