Echec de la Commission européenne sur les perturbateurs endocriniens
La Commission européenne a renoncé à soumettre au vote son texte d'encadrement des perturbateurs endocriniens.
Le 28 février dernier, la Commission européenne a renoncé pour la troisième fois à organiser un vote de représentants des Etats membres de l'UE afin de s'accorder sur l'encadrement des perturbateurs endocriniens. "Il n'y a pas eu de vote et pour le moment, il n'y a pas de date prévue pour de nouveaux débats", a déclaré un porte-parole de la Commission européenne à l'issue d'une réunion à Bruxelles d'experts mandatés par les Etats membres à l'AFP. La raison ? Plusieurs pays à l'instar de la France, la Suède ou du Danemark, jugent les critères de définition des perturbateurs endocriniens trop laxistes. Ces Etats membres estiment en effet qu'ils ne sont pas assez protecteurs pour encadrer l'utilisation de ces substances chimiques susceptibles de provoquer des maladies dans les pesticides et les biocides.
"Déboucher sur une proposition enfin crédible". La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, regrette dans un communiqué que "la définition modifiée par la Commission ne soit toujours pas acceptable" et qu'elle n'ait pas pris en considération les demandes de la France de "prendre en compte les perturbateurs endocriniens présumés et pas seulement avérés" et de ne pas "tenir compte de la plausibilité des effets sur la santé de ces substances". La ministre invite la Commission à "continuer à travailler pour déboucher sur une décision enfin crédible". Pour la députée au Parlement européen, Michele Rivasi, cette "proposition reste trop faible en matière de protection de notre santé et de notre environnement et les Etats membres ont eu raison de ne pas la soutenir. […] Par cette proposition, la Commission bafoue aussi le principe de précaution en ne prévoyant pas de créer de catégories de perturbateurs endocriniens et en se refusant donc à encadrer au moins les substances qui sont suspectées s'attaquer à notre système hormonal", explique-t-elle dans un communiqué. Même son de cloche du côté de Pelle Moos, expert auprès du Bureau européen des consommateurs (Beuc). Celui-ci estime en effet qu'"il faut plus que de simples modifications cosmétiques" et plaide pour que la définition des perturbateurs endocriniens englobe également les produits suspects. C'est selon lui, la "seule manière de vraiment protéger les consommateurs". La Commission a quant à elle affirmé rester "engagée à remplir ses obligations d'identifier les perturbateurs endocriniens" tout en continuant "à œuvrer en pleine transparence".