La vaccination des enfants de moins de deux ans bientôt obligatoire ?
Les vaccins aujourd'hui "recommandés" pour les enfants de moins de deux ans devraient devenir gratuits et "obligatoires" de façon temporaire, le temps de restaurer la confiance face aux doutes des Français, suggère le comité de "la concertation citoyenne" sur la vaccination.
En janvier dernier, Marisol Touraine, avait annoncé la mise en place d'une concertation citoyenne dans le cadre du Plan de rénovation de la politique vaccinale. Objectif : restaurer la confiance entre les Français et la vaccination. Via cette concertation, citoyens et professionnels ont ainsi pu exprimer leurs craintes, leurs interrogations et leurs idées au sujet de la vaccination. Les contributions et les résultats de la concertation étaient présentés ce 30 novembre.
"Dans le contexte actuel de perte de confiance et de baisse de la couverture vaccinale, il apparaît nécessaire de réaffirmer le bien-fondé de la vaccination", a affirmé le comité présidé par le Pr Alain Fischer et Claude Rambaud du CISS (collectifs d'associations santé). L'idée étant à terme, de supprimer l'obligation vaccinale comme c'est le cas ailleurs en Europe. Mais, il est encore trop tôt, les conditions n'étant pas à ce jour réunies selon le comité. "On peut craindre qu'une fraction non négligeable de la population renonce aux vaccins y compris aux trois vaccins obligatoires de base, Diphtérie-Tétanos-Polio (DTP)", a en effet expliqué à l'AFP le Pr Fischer.
11 vaccins deviendraient obligatoires. Pour rappel, actuellement, seuls les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite sont obligatoires. Le problème, c'est que selon le Pr Fischer, cela donne faussement l'impression que les autres vaccins sont moins importants, car non obligatoires. Or, selon lui, les vaccins recommandés (coqueluche, rougeole, hépatite B...) sont aussi importants. D'où la recommandation "pour une phase transitoire, d'élargir la vaccination obligatoire des enfants pour les vaccins qui sont dans le calendrier vaccinal et qui sont administrés avant l'âge de 2 ans" . Concrètement, cette mesure consisterait à rendre obligatoires et gratuits "onze vaccins (pas onze piqûres, mais une protection contre onze maladies), plus les rappels" et "avec une clause d'exception comme cela se fait aux Etats-Unis", précise l'AFP. Ainsi, les parents réfractaires auraient la possibilité de signer un document "pour leur faire prendre conscience qu'ils prennent une responsabilité, une prise de risque pour leur enfant et pour la communauté des gens qui vivent autour d'eux, et qu'ils risquent aussi que leur enfant puisse être refusé par une directrice de crèche", a expliqué le Pr Fischer.
En parallèle, le comité préconise une série de mesures pour rétablir la confiance : facilitation de la vaccination, entre autres dans les écoles, information, et formation des professionnels de santé, site internet unique consacré à la vaccination, etc. La mise en place d'un carnet de vaccination électronique permettrait enfin à chacun de savoir où il en est.
Les réactions négatives n'ont pas tardé : E3M (association aluminium dans les adjuvants) dénonce "un simulacre de démocratie". Michèle Rivasi, députée européenne écologiste, évoque une "véritable provocation". Selon elle, le comité évince les vrais questions qui fâchent et qui seraient de nature à restaurer la confiance des citoyens envers les vaccins, en particulier "la remise sur le marché d'un DTP sans aluminium avec la rupture de la pénurie organisée sur ce vaccin ; la mise en conformité de notre droit avec la loi Kouchner de 2002 qui garantit la liberté de choix thérapeutique des patients en supprimant l'obligation vaccinale ; la fin des conflits d'intérêts par la mise en place d'un pôle d'experts indépendants commun à toutes les agences de santé ; le renforcement de la pharmacovigilance dont le déficit produit des scandales sanitaires comme dans l'affaire du Rotateq et du Rotarix ; le développement de la recherche publique et celle sur les adjuvants alternatifs et sûrs (notamment phosphate de calcium) qui doit être encouragée ; la reconnaissance des victimes des vaccins et leur indemnisation…"
L'agence Santé publique France va étudier ces propositions, puis des mesures seront présentées par la ministre.