Cancers féminins : leur incidence progresse, les inégalités aussi
Deux études publiées à l'occasion du congrès mondial du cancer, réuni à Paris jusqu'au 3 novembre, soulignent l'explosion des décès par cancer chez les femmes dans le monde, en particulier par cancer du sein.
Deux rapports, l'un de la Société américaine du cancer (ACS – American Cancer Society) et l'autre paru dans The Lancet, alertent sur l'explosion du nombre de décès par cancer chez les femmes, rapporte l'AFP. En particulier, les cancers du sein qui pourraient tuer 5,5 millions de femmes chaque année dans le monde en 2030, contre 3,5 millions en 2012. Le nombre de femmes diagnostiquées pour un cancer du sein pourrait ainsi presque doubler, pour atteindre 3,2 millions par an (contre 1,7 ces dernières années).
Les pays à faible revenu seraient particulièrement touchés par le cancer du col de l'utérus, dont les diagnostics pourraient augmenter d'au moins 25 % d'ici 2030. Neuf décès par cancer du col de l'utérus sur dix surviennent dans les pays en développement, précise le rapport de l'ACS.
Comment expliquer cette explosion ? Selon l'ACS, le vieillissement de la population participe à cette hausse des cas de cancers, mais pas que. L'inactivité physique, une mauvaise alimentation, l'obésité, y participent également. De même que les facteurs reproductifs, notamment l'âge de la première grossesse qui augmente. Selon ce même rapport, des efforts accrus sont nécessaires en matière d'éducation et de prévention "pour endiguer ce fléau grandissant."
En particulier, bon nombre des décès par cancer du poumon pourraient être prévenus grâce à une lutte efficace contre le tabagisme, rappelle l'ACS. "La vaccination systématique contre les papillomavirus (VPH) des filles dans les pays les plus pauvres au cours des quatre prochaines années pourrait prévenir 600 000 futurs décès par cancer du col de l'utérus", ajoutent encore les auteurs.
Inégalités d'accès aux traitements. Mais ce que mettent en lumière ces études, ce sont surtout les inégalités de prise en charge entre les pays pauvres et les pays riches. La différence en termes de survie pour le cancer du sein est énorme : 80% environ dans les pays riches (France, Allemagne, Etats-Unis..) et 50% environ dans des pays comme l'Afrique du Sud ou l'Inde. Cette situation fait des cancers du col et du sein des "maladies négligées", estime même la présidente du Chili, Michelle Bachelet, dans un éditorial du Lancet.
Autre difficulté : les "pénuries" en matériel de radiothérapie en Afrique et en Asie du Sud-Est. Les pays à faibles et moyens revenus, où sont concentrés 60% des cas de cancers, ne possèdent que 32% des appareils de radiothérapie disponibles.
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Le congrès mondial contre le cancer, qui se tient à Paris du 31 octobre au 3 novembre, est l'occasion d'aborder de nouvelles problématiques de lutte contre le cancer, trop souvent oubliées et ignorées dans les échanges internationaux, notamment la situation alarmante du cancer dans les pays à faibles et moyens revenus.