Première salle de shoot à Paris
Le projet était controversé mais il est aujourd'hui réalité : au cœur de l'hôpital Lariboisière à Paris s'est ouvert une "salle de shoot" pour que les toxicomanes puissent se piquer en toute sécurité.
La première "salle de consommation de drogue à moindre risque", plus communément appelée "salle de shoot" ouvrira lundi prochain à Paris, pour une expérimentation qui durera 6 ans. Cette mesure, validée par la loi Santé adoptée en décembre dernier par le Parlement, était très attendue par les associations de lutte contre la toxicomanie. Avec plusieurs objectifs : réduire les risques liés aux injections (infection au VIH, hépatite C...), favoriser le dépistage des infections sexuellement transmissibles, mais aussi améliorer l'accès aux soins des usagers de drogues.
Concrètement, le local, l'espace Gaïa (du nom de l'association choisie pour gérer le lieu) comprend un accueil, une salle d'attente et une salle de consommation. Il est aménagé au sein de l'enceinte de l'hôpital - mais avec une entrée séparée - et sera ouvert de 13h30 à 20h30 chaque jour. Selon l'AFP, il pourra accueillir "chaque jour une centaine de personnes, obligatoirement majeures". De plus, "une vingtaine de médecins, infirmiers, éducateurs, assistants sociaux et agents de sécurité seront à leur disposition."
Le quartier de la gare du Nord, derrière laquelle se trouve Lariboisière, est le quartier le plus touché de Paris par la consommation de drogues. Dès 1995, des distributeurs de seringues y ont été implantés.
Polémique. Réclamées depuis plusieurs années par les associations et une partie des professionnels de santé, ces salles de shoot ont pour objectif de permettre aux toxicomanes majeurs de s'injecter des produits (qu'ils apportent eux-mêmes) dans les meilleures conditions, à savoir sous la supervision de personnes qualifiées, avec du matériel stérile. "L'objectif est de réduire les risques pour tout le monde : les toxicomanes, comme les riverains", insiste Bernard Jomier, l'adjoint (EELV) à la Santé d'Anne Hidalgo. Mais certains spécialistes maintiennent que ces salles sont inefficaces. Quant aux riverains, ils craignent des troubles du voisinage. Dans un communiqué, les élus LR ont immédiatement accusé la mairie de Paris de "rendre en catimini les armes face à la drogue". Philippe Juvin, porte-parole LR et médecin anesthésiste, a affirmé qu'il y a en France "un système très organisé de substitution" avec un médicament comme le Subutex. "Nous n'attendons aucun effet bénéfique d'une salle de shoot." Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate LR à la primaire de la droite, s'était prononcée dimanche sur France Inter "contre", arguant que "dans la salle de shoot, il n'y a pas de thérapies. Ce qui est proposé, c'est d'avoir une amélioration sanitaire" mais "pas d'accompagnement pour pouvoir s'en sortir."
Ailleurs en Europe et dans le monde, d'autres pays ont déjà expérimenté ces salles de shoot, notamment en Australie, au Canada, en Allemagne, Espagne, Norvège, Pays-Bas ou encore Suisse.
La #SCMR, des usagers de drogue mieux soignés, un quartier plus apaisé #sante #ReductionDesRisques pic.twitter.com/EVt0vxu3ct
— Bernard Jomier (@BernardJomier) 11 octobre 2016