Premier procès en France à propos d'un bore-out
Pour la première fois en France, le tribunal des prud'homme de Paris doit examiner un cas d'épuisement par ennui, un syndrome aussi appelé "bore-out".
Aujourd'hui se tient le tout premier procès en France du bore-out. Frédéric Desnard accuse son ancien employeur Interparfums, une entreprise spécialisée dans les parfums de luxe, de l'avoir mené à l'épuisement par l'ennui en le mettant "au placard". L'homme, salarié de l'entreprise depuis 2006, réclame notamment des dommages et intérêts pour harcèlement moral et licenciement abusif.
Un ennui lourd de conséquence. A la suite de la perte d'un contrat par l'entreprise, Frédéric Desnards se serait vu attribuer des tâches de plus en plus petites, et n'ayant pas de rapport avec son poste d'origine de responsable des services généraux. Ce manque d'activité va le conduire à ce qu'il décrit comme étant une "descente aux enfers". Ulcère, prise de poids et dépression, c'est finalement un accident de voiture à la suite d'une crise d'épilepsie, en mars 2014, qui le poussera à trouver un nom à sa condition : le bore-out. L'homme posera plusieurs arrêts maladies qui conduiront à son licenciement en septembre 2014 pour "absence prolongée".
Interparfums contre ces accusations en mentionnant les premières plaintes de Frédéric Desnard, datant d'octobre 2014, qui dénonçait cette fois-ci un burn-out. L'avocat de l'entreprise souligne également qu'entre 2010 et 2014, période de sa "placardisation", l'homme n'avait jamais signalé de problème particulier à son employeur.
La mise au placard, un problème réel. Une mise au placard correspond à une mise à l'écart volontaire d'un salarié par son employeur. Souvent dans le but de le pousser au licenciement. Selon le spécialiste du droit du travail Sylvain Niel, interrogé par l'AFP, 244 arrêts de la chambre social de la cour de Cassation portent sur "des faits de mise au placard ou de déshérence professionnelle intentionnelle". Ils sont décrits comme des cas d'harcèlement moral. De plus, en ne fournissant pas de travail à son employé, un patron va à l'encontre des termes du contrat qui les lie.
Des syndromes non reconnus. Le burn-out correspond à un épuisement professionnel du à une surcharge de travail. Le bore-out, c'est tout l'inverse. Il s'agit d'un épuisement professionnel causé par l'ennui au travail. Bien qu'être "payé à ne rien faire" paraisse être une situation rêvée pour certains, le manque de stimulation intellectuelle au travail entraîne chez certaines personnes une diminution de l'estime de soi, un sentiment de culpabilité, et la sensation d'être inutile. A l'heure actuelle, les syndromes de burn-out et bore-out ne sont pas reconnus comme maladies professionnelles.