Pénurie de vaccins BCG et DTP : comment vacciner les enfants, en attendant ?
Depuis plus d’un an, plusieurs vaccins inscrits dans le calendrier vaccinal sont indisponibles en pharmacie. Une situation qui pourrait encore durer. Quelles sont les alternatives ? On fait le point.
Certains vaccins sont toujours introuvables en pharmacie. En cause, une hausse rapide de la demande mondiale, qui a provoqué des difficultés et retards de production. Mais la situation s'éternise.
Vaccins et rappels DTP/coqueluche en rupture de stock
Le vaccin tétravalent DTP-coqueluche (InfanrixTetra®), recommandé en rappel chez les enfants de 6 ans, connait une tension d'approvisionnement depuis le début de l'année 2015, soit depuis plus d'un an. De même, les vaccins pentavalents (InfanrixQuinta® et Pentavac®), recommandés chez les enfants nés de mère porteuse de l'antigène Hbs (marqueur de l'hépatite B), sont toujours indisponibles. Ces tensions d'approvisionnement "devront se poursuivre sur 2016", confirme au JournalDesFemmes, l'Agence du médicament (ANSM).
Quand peut-on espérer une mise à disposition du vaccin tétravalent ? "Un nombre très restreint de doses est disponible sur le marché", nous explique l'ANSM, qui n'espère pas un retour à la normale "avant la fin de l'année 2016 et sous réserve de confirmation des approvisionnements." En ce qui concerne le vaccin pentavalent, la situation est (un peu) plus favorable. "Depuis décembre 2015 une distribution contingentée des vaccins pentavalents dans les pharmacies de ville est effective. Cependant et malgré l'élargissement des modalités de mise à disposition de ces vaccins, les stocks et les approvisionnements actuels font que la situation reste tendue."
En revanche, le vaccin hexavalent (qui protège contre la diphtérie, le tétanos, la polio, la coqueluche, l'haemophilus influenzae et l'hépatite B) et qui est, selon le calendrier vaccinal, recommandé à 2 mois, 4 mois et 11 mois, ne connait pas ruptures de stock. "Ce vaccin a été normalement distribué tout au long de l'année 2015. Si quelques tensions ont pu être localement observées en début d'année 2016, la spécialité est à présent normalement distribuée", nous précise l'Agence du médicament. De plus, "le vaccin Hexyon®, vaccin hexavalent et alternative d'Infanrix hexa® est commercialisé depuis le 4 avril 2016 par Sanofi Pasteur MSD."
Pourquoi cette pénurie ? L'épidémie de coqueluche qui sévit depuis trois ans aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Australie a entraîné une évolution du calendrier vaccinal dans ces pays et donc une demande accrue. "Ces tensions d'approvisionnement sont dues à des difficultés industrielles à répondre à la demande mondiale en forte augmentation, nous confirme l'ANSM. En effet, de nombreux pays introduisent à présent ces vaccins combinés contenant la valence coqueluche acellulaire dans leurs calendriers et schémas vaccinaux. Cette forte augmentation de la demande mondiale conduit les entreprises produisant ces vaccins à adapter leur outil de production pour répondre à l'accroissement de cette demande. Cependant, actuellement, leur capacité de production est insuffisante." De plus, précise l'agence, "la production d'un vaccin est très complexe et son cycle de fabrication souvent long (de 12 à 24 mois)."
Quelles alternatives pour les enfants de 6 ans qui doivent faire leur rappel ? Les autorités de santé recommandent d'utiliser, comme l'année passée, un autre vaccin habituellement administré en rappel entre 11 et 13 ans, le dTcaP (Boostrix Tetra® ou Repevax®). Néanmoins ce vaccin étant constitué de doses atténuées de diphtérie et de coqueluche, ces enfants devront être vaccinés avec un rappel non atténué entre 11 et 13 ans.
Le vaccin contre la tuberculose, le BCG, en rupture aussi
"La distribution, par le laboratoire Sanofi Pasteur MSD, du vaccin BCG SSI a cessé le 29 mars 2016, dans la mesure où les unités arrivaient à péremption le 31 mars, explique l'ANSM. Un vaccin BCG contre la tuberculose, initialement destiné au marché polonais, est mis à disposition depuis le 29 mars afin de pallier cette indisponibilité. Les commandes peuvent donc se faire auprès du laboratoire depuis cette date." Les professionnels de santé ont été informés par une lettre du laboratoire Sanofi et via le site de l'ANSM.
Quels enfants doivent se faire vacciner ? "Nous n'avons à ce stade aucune garantie sur un approvisionnement pérenne du marché avec ce vaccin sur les mois à venir", commente le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) sur son site. Il recommande donc, comme en 2015, de privilégier "les structures habituées à pratiquer des vaccinations groupées." Un approvisionnement "en quantité limitée" est ainsi prévu dans les centres de Protection maternelle et infantile (PMI), dans les centres de lutte antituberculeuse, dans les maternités et les centres de vaccination. De plus, des niveaux prioritaires ont été établis. Le premier niveau concerne les nouveaux-nés de Guyane et de Mayotte, ainsi que les enfants âgés de moins de 5 ans ayant un facteur de risque identifiés (quel que soit le département) et les enfants de moins de 5 ans vivant en Ile-de-France.
En janvier dernier, Marisol Touraine avait déploré ces problèmes d'approvisionnement, précisant que les industriels qui ne mettent pas en place des plans de gestion des pénuries seraient sanctionnés.