Médicaments contre le cancer : des prix exorbitants et pas toujours justifiés
Alors que la recherche fait des progrès considérables, les nouveaux médicaments contre le cancer, toujours plus innovants, sont parfois hors de prix. La ligue contre le Cancer se fâche et réclame davantage de transparence.
Les médicaments contre le cancer, notamment les thérapies ciblées, mais aussi les antiviraux contre l'hépatite C, sont toujours plus innovants. Pour les patients, ils représentent un progrès considérable et précieux : des chances supplémentaires de guérison et la possibilité d'augmenter leur durée de vie. Mais le prix à payer peut atteindre des sommes irréalistes. Ainsi, le prochain médicament révolutionnaire contre le mélanome (Keytruda®) devrait coûter plus de 100 000 euros par an pour le patient.
Qui pourra en bénéficier, demain ? Ces traitements, remboursés à 100 % par l'Assurance maladie dans le cadre d'une affection de longue durée (ALD), représentent une part importante et en augmentation des dépenses de santé. Ainsi, en 2015, le coût de prise en charge des cancers aura représenté 10% des dépenses de l'Assurance maladie, contre 6,6% en 2007. Et le problème soulevé par la Ligue contre le cancer, c'est qu'avec l'augmentation de l'incidence des cancers (en partie due au vieillissement de la population), ainsi que l'inflation des prix des traitements et, plus particulièrement, des médicaments anticancéreux, le coût global de la prise en charge ne cesse de s'accroître.
"Avec le prix des nouvelles molécules qui arrivent sur le marché, tel que pratiqué par les laboratoires pharmaceutiques, notre système est mis à mal", souligne la Ligue contre le Cancer. Alors, "comment s'assurer que toutes les personnes malades devant bénéficier de ces traitements innovants continueront à y avoir accès de façon équitable ?", s'interroge-t-elle encore.
Exigence de transparence. Du côté des laboratoires, on justifie ces prix exorbitants par l'efficacité "révolutionnaire" des médicaments. Ainsi, le laboratoire produisant le Sofosbuvir® argue que ce produit, guérissant plus de 90% des malades atteints par le virus de l'hépatite C, évite les dépenses qu'engendreraient cancers du foie, cirrhoses, greffes hépatiques... Mais, selon le professeur Jacqueline Godet, présidente de la Ligue contre le cancer, la cure de Sofosbuvir® coûte l'équivalent de 67 000 dollars aux USA, 41 000 euros en France, soit l'équivalent de 4 000 euros en Thaïlande et de 700 euros en Egypte. Ainsi, le prix est déterminé en fonction du marché intérieur du pays. "Ces prix sont injustifiables, injustes et nous ne pouvons pas l'accepter. Accepterions-nous que les fabricants d'airbag dans les voitures fixent le prix de leur produit en fonction du nombre de vie sauvées ? Au nom des personnes malades et de tous les ligueurs, j'en appelle à une mobilisation de chacune et de chacun !" En outre, la Ligue contre le cancer explique que le coût de la recherche et du développement des molécules - argument souvent avancé pour expliquer le prix élevé des médicaments - ne représente que 15 à 20% du chiffre d'affaire des laboratoires pharmaceutiques, alors que le marketing développé pour promouvoir ces médicaments équivaut à 30% du chiffre d'affaire. "Notre système de santé n'a pas à supporter le coût de la promotion des médicaments".
Actuellement les prix des médicaments sont fixés par le Comité Economique des Produits de Santé (CEPS), qui regroupe des représentants de l'Etat et des laboratoires. Le problème, c'est que les règles de fixation sont opaques. Selon la Ligue contre le Cancer, il faudrait un système plus transparent. Aussi, elle exige un débat public et une régulation immédiate afin de "mettre en place une refonte totale du système de fixation des prix des médicaments en France."
La Ligue contre le cancer ouvre une plateforme de débat et de soutien (pétition), accessible à tous et pour tous.
Participez sur : www.ligue-cancer.net