Toujours un an d'abstinence pour les homosexuels qui veulent donner leur sang
Le Conseil d'Etat a rejeté la demande d'associations qui réclament la possibilité pour les hommes homosexuels de donner leur sang sans condition. Ces derniers devront donc continuer à ne pas avoir de relations sexuelles depuis douze mois.
[Mise à jour du 29/12/2017] La décision d'ouvrir le don du sang aux hommes homosexuels est entrée en vigueur en juillet 2016, sous conditions. Pour faire un don, ces derniers ne doivent pas avoir eu de rapports sexuels durant un an. Plusieurs associations ont récemment réclamé la possibilité pour les homosexuels de faire don de leur sang sans conditions, comme c'est le cas pour les hétérosexuels ou les lesbiennes. Mais leur requête a été rejetée ce jeudi 28 décembre par le Conseil d'Etat, qui souhaite maintenir l'année d'abstinence. "Les autorités sanitaires doivent privilégier les mesures les mieux à même de protéger la sécurité des receveurs lorsque les données scientifiques et épidémiologiques disponibles ne permettent pas d'écarter l'existence d'un risque", précise le Conseil d'Etat. Pour justifier sa décision, il ajoute que "selon les travaux de l'Institut de veille sanitaire, la prévalence de porteurs du VIH est environ 70 fois supérieure chez les hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes" et que "la proportion de personnes nouvellement contaminées au cours de l'année 2012 était 115 fois supérieure chez ces hommes que dans la population hétérosexuelle". Il juge également que le ministère de la Santé "s'est fondé non sur l'orientation sexuelle mais sur le comportement sexuel et n'a pas adopté une mesure discriminatoire illégale" en imposant cette condition au don du sang.
Rappelons que l'exclusion permanente des dons du sang des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes avait été instituée en 1983 en raison des risques de transmission du sida. Mais Marisol Touraine s'était engagée dès 2012, conformément à la promesse faite par François Hollande avant la présidentielle, à lever cette discrimination, dans le respect absolu de la sécurité des receveurs. A l'issue d'un travail approfondi entre les autorités sanitaires et les associations de patients, elle avait annoncé, début novembre 2015, la fin de cette discrimination. "Donner son sang est un acte de générosité, de citoyenneté, qui ne peut être conditionné à une orientation sexuelle. Dans le respect de la sécurité absolue des patients, c'est aujourd'hui un tabou, une discrimination, qui sont levés", avait déclaré la ministre en présentant aux associations concernées les mesures destinées à mettre fin à cette exclusion.