La pollution de l’air coûte 101,3 milliards d’euros par an à la France
Le Sénat publie ce 15 juillet 2015 un rapport sur le coût de la pollution atmosphérique. Les frais sanitaires liés à la pollution sont responsables de la majorité de ce montant.
101,3 milliards d’euros : voici ce que la pollution de l’air coûte chaque année à la France, d’après un rapport publié par le Sénat ce mercredi 15 juillet. Depuis le mois de mars, une commission d’enquête présidée par le sénateur de Meurthe-et-Moselle Jean-François Husson et la sénatrice de Paris Leila Aïchi est en effet en charge d’évaluer les frais liés à la pollution atmosphérique. Cette étude porte à la fois sur les dommages sanitaires, les impacts sur les bâtiments, l’agriculture mais aussi les écosystèmes.
La pollution, une "aberration économique". Ce rapport intitulé "Pollution de l’air, le coût de l’inaction" présente des résultats inquiétants. Il précise en effet que "la pollution n’est pas qu’une aberration sanitaire, c’est aussi une aberration économique". Pour limiter les coûts, les sénateurs proposent à l’Etat 61 mesures de lutte contre la pollution de l’air, qui permettraient d’économiser 11 milliards d’euros par an. Dans le secteur de l'agriculture, la surface des cultures et élevages biologiques entre 2012 et 2017 pourrait doubler et le budget alloué au "bio" augmenter de 90 millions à 160 millions d’euros. Par ailleurs, en ce qui concerne les transports, des mesures sont d’ores et déjà en route à Paris où depuis le 1er juillet 2015, les cars et les poids lourds les plus polluants sont interdits à la circulation dans l'enceinte de la ville. Cette disposition pourrait s’étendre aux voitures et aux autres métropoles françaises. La commission d’enquête préconise aussi de diminuer l’usage du diesel dans le parc automobile français, du fait des risques sur la santé liés à ce carburant.
Un Français sur deux atteint d’une infection asthmatique en 2050 ? Autre source de coût considérable : les conséquences de la pollution sur la santé. Les frais sanitaires atteindraient ainsi entre 68 et 97 milliards d’euros selon ce rapport, dont trois milliards pour les frais médicaux remboursés par la Sécurité Sociale. En effet, "la pollution de l’air à l’extérieur comme à l’intérieur entraîne entre autres des maladies respiratoires qui peuvent être mortelles", prévient l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur son site internet. Parmi ces pathologies : asthme, bronchites chroniques, bronchites aiguës ou encore Broncho Pneumopathie Chroniques Obstructives (BPCO). Si l’état de l’air ne s’améliore pas, "un Français sur deux pourrait être atteint d’une infection asthmatique en 2050", selon Jean-François Husson. Or, "le traitement de ces infections asthmatiques représente plus de 2 000 euros par personne par an", souligne Leila Aïchi. De même, la pollution atmosphérique provoque des maladies cardiovasculaires et des cancers, représentant donc "un risque majeur sur la santé" selon l’OMS. L’organisation fait ainsi état de 42 000 décès prématurés en France chaque année en raison de cette pollution, principalement à cause des particules fines et de l’ozone. Ces chiffres pourraient être sous-évalués selon la sénatrice de Paris pour deux raisons : la pollution intérieure n'est pas assez prise en compte dans les études scientifiques, et l' "effet cocktail" de plusieurs polluants sur la santé reste à l'heure actuelle encore mal connu.