Vaccins : qu’en pensent les médecins ?
La vaccination crée la polémique, y compris chez les médecins généralistes. Une étude française a décrypté leurs réactions face à cette question.
Faut-il se faire vacciner ? Cette question constamment à l’ordre du jour est rythmée par l’actualité. Dernièrement, un jeune enfant est décédé en Espagne, faute d’avoir été vacciné contre la diphtérie. En parallèle, les débats sur la dangerosité de certains vaccins, notamment contre la gastro, le papillomavirus ou encore la grippe, restent animés.
Mais qu’en pensent les médecins généralistes, premiers interlocuteurs des patients et des parents face à la question de la vaccination ? Le médecin épidémiologiste Pierre Verger, directeur adjoint de l’Observatoire Régional de la Santé s’est penché sur le sujet. L’étude qu'il a mené avec son équipe de l’INSERM spécialisée en Economie de la Santé a été publiée sur le site du journal scientifique EBiomédecine le 2 juillet 2015. Elle s’appuie sur les réponses de plus de 1 700 médecins généralistes exerçant en France.
Des médecins majoritairement confiants... D'après cette enquête, 96 % des médecins se disent confiants dans leur capacité à expliquer l’utilité des vaccins à leurs patients. De plus, ils sont 83 % à recommander souvent - voire automatiquement - aux adolescents et jeunes adultes le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR).
...mais qui doutent face aux adjuvants et au Gardasil. Devant la fréquente question des adjuvants, les médecins intérrogés ne sont que 43 % à déclarer être à l’aise quand il s’agit d’expliquer leur rôle d’en justifier l’usage. Par ailleurs, 6% des médecins généralistes estiment qu’il est probable qu’il existe un lien entre le vaccin contre le papillomavirus et l’apparition de sclérose en plaques. Rappelons qu'en France, une controverse autour de ce vaccin, le Gardasil, est apparue en 2013 après le dépôt de plaintes pénales par de jeunes femmes atteintes de diverses pathologies déclarées après une vaccination. Parallèlement, au sein de la communauté médicale, les avis divergent grandement quant aux bénéfices et aux risques des vaccins contre les infections à HPV, même si, ni les dispositifs de pharmacovigilance mis en place par l’Agence du médicament (ANSM), ni les données de la littérature internationale n’ont montré d’augmentation de l’incidence de maladies auto-immunes ou de scléroses en plaques après une vaccination par Gardasil. Selon un rapport publié par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) en mars dernier, 6 médecins sur 10 estiment que les connaissances manquent sur les risques de ce vaccin et 23 % expriment des doutes quant à son efficacité.
Trop de vaccins pour les enfants ? Par ailleurs, bien que neuf médecins sur dix fassent confiance aux agences sanitaires pour leur fournir des informations fiables sur les bénéfices et les risques des vaccins, un médecin sur quatre considère que certains vaccins recommandés sont inutiles, et un sur cinq que les enfants sont vaccinés contre trop de maladies. De même, ils ne sont que 57 % à conseiller le vaccin contre les infections à méningocoques de type C aux enfants et aux jeunes, âgés de 2 à 24 ans, alors que celui-ci figure au calendrier vaccinal "recommandé" et que ces infections sont responsables de pathologies sévères comme des méningites et des septicémies. "Étant donné le rôle essentiel du généraliste dans la vaccination, [cette hésitation] pourrait contribuer à une couverture insuffisante pour ces vaccins", redoutent ainsi les auteurs de l’étude. Ces derniers soulignent aussi le besoin "d'outils et de formation sur la communication pour les aider à répondre aux hésitations des patients face à la vaccination".
Ces résultats confirment globalement l’étude de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) publiée en mars dernier, qui faisait quant à elle état de 97 % de médecins favorables à la vaccination.