Pour ou contre le don d’organes : dites-le à vos proches !
À l’occasion de la journée internationale du don d’organes, l’Agence de la Biomédecine rappelle l’importance de communiquer son avis à ses proches. On fait le point sur cette pratique.
Je suis pour, je suis contre : quel que soit votre choix, l’important est de le mentionner à vos proches ! Ce lundi 22 juin 2015 se tient en effet la 15e journée internationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe. L'objectif de cette journée : "inciter chacun à dire à ses proches son choix pour ou contre le don d’organes et de tissus. Car c’est vers les proches que les médecins se tournent en cas de décès s’ils n’ont pas directement connaissance de la volonté du défunt, pour savoir s’il était opposé, ou non, au don de ses organes", détaille l’Agence de la Biomédecine dans un communiqué. Sur vos écrans, une série de spots incitant à communiquer notre avis face aux dons d’organes sont d’ores et déjà diffusé sur les principales chaînes nationales de télévision et sur Internet. Comme l’an dernier, c’est le comédien français Gilles Lellouche qui porte le message de l’Agence de la Biomédecine. De son côté, la Ministre de la Santé Marisol Touraine souligne "l'importance de ce geste citoyen, anonyme et gratuit" et appelle "chacun à en parler à ses proches, pour faire connaître son choix sur cette question essentielle pour la vie et la santé de tous" dans un communiqué du 22 juin 2015.
Si je donne, je donne quoi ? Reins, poumons, cœur, cornée… Les possibilités sont nombreuses. Parmi les organes, le rein, le foie, le cœur, les poumons, le pancréas et des parties de l’intestin sont susceptibles de faire l’objet d’une greffe. Du côté des tissus, l’intérêt se porte vers la cornée (fine membrane à la surface de l’œil), la peau, les artères, les veines, les os, ou encore les valves cardiaques. Chacun peut indiquer à ses proches les organes ou les tissus qu’ils sont prêts ou non à donner, et les médecins auront l’obligation de respecter ce choix. Cette année, la journée internationale de réflexion sur le don d’organes met l’accent sur le don et la greffe de tissus, moins connus que le don d’organes mais tout autant précieux. "La greffe de tissus permet ainsi de soigner les grands brûlés (greffe de peau), de redonner la vue (greffe de cornées), de marcher à nouveau (greffe d’os)...", détaille en effet l’Agence de la Biomédecine.
Le don d’organe, ça sert à quoi ? Donner un organe ou un tissu permet de sauver des vies dans le cas de maladies nécessitant une greffe telles que des cancers ou des maladies cardiaques. C’est par exemple le cas de Victor Simon, greffé du foie en 2004 : "J’ai subi un cancer du foie très grave, ma situation était critique et les médecins pensaient que sans greffe, je ne m’en sortirai pas. Je n’oublierai jamais la nuit de Noël 2004, au cours de laquelle j’ai pu bénéficier d’une greffe de foie" témoigne-t-il. Aujourd’hui âgé de 70 ans, il a retrouvé une bonne santé et fait même beaucoup de sport : "Cela fait 7 ans que je participe à la Course du Cœur. Cette année, j’étais capitaine de l’équipe de transplantés et je m’apprête à participer à de nouveaux événements sportifs." D’autre part, les greffes de peau permettent aussi de guérir de grands brûlés et les greffes de cornée de redonner la vue à des personnes malvoyantes et aveugles suite à une maladie de ce tissu. "En 2014, 20 311 patients ont eu besoin d’une greffe et 5 357 patients ont pu en bénéficier" précise l’Agence de la Biomédecine. Par ailleurs, en 2014, 54 659 personnes étaient porteuses d’un greffon fonctionnel, "ce qui témoigne de l’efficacité thérapeutique de la greffe."
Prélever, acheminer, et greffer. Le processus du don est très encadré. Suite à un décès permettant un prélèvement des organes, l’équipe médicale présente s’entretient avec les proches pour connaître la volonté du défunt, après avoir vérifié que celui-ci n’est pas inscrit au registre des refus. S’il n’y a pas eu de demande d’opposition, une série d’examen est effectuée pour vérifier la qualité des organes et des tissus et pour trouver des receveurs compatibles sur la liste des personnes en attente d’une greffe. Les organes et tissus sont prélevés par des chirurgiens, et le corps du défunt est préparé et rendu à sa famille. Les organes et tissus sont quant à eux acheminés de manière rapide, stérile et à température stable de 4°C vers les hôpitaux soignant les receveurs, pour y pratiquer la greffe dans les plus courts délais possibles.
Pas d’âge limite au don d’organe. La possibilité du don d’organe reste rare : il ne s’applique que dans le cas de décès n’ayant pas endommagé les organes, comme les traumatismes crâniens ou les accidents cardio-vasculaires. C’est pourquoi à l’heure actuelle, moins de 1 % des décès à l’hôpital peuvent donner lieu à des dons selon l’Agence de la Biomédecine. Néanmoins, l’âge n’est pas un critère déterminant. Toute personne en bonne santé au moment du décès peut donner ses organes ou ses tissus, même après 70 ans ! Ainsi, "la moyenne d’âge des donneurs prélevés est passée de 40 ans en 1999 à plus de 57,4 ans en 2014 et 39,8 % des donneurs ont plus de 65 ans", explique l’Agence de la Biomédecine.
Légalement : vers le renforcement du consentement présumé. En France, la loi considère que toute personne est un donneur d’organes par défaut : si elle n’est pas inscrite au registre national des refus, elle accepte de donner ses organes. C'est ce qu'on appelle le consentement présumé. Les cartes de donneurs ne possèdent aucune valeur légale en cas de décès et ne pourront donc pas se substituer à la discussion entre les proches et les médecins. Mais actuellement, même si la plupart des français sont favorables au don d'organes, les familles s'opposent au don dans 30 à 40 % des cas. C'est pourquoi la Loi Santé proposée par la Ministre Marisol Touraine prévoit un renforcement du consentement présumé à partir de 2018 pour augmenter les dons et pallier la pénurie d'organes. Ainsi, la famille ne sera plus consultée comme c'est aujourd'hui le cas, mais uniquement informée. En parallèle, le Ministère de la Santé annonce qu' "une concertation nationale sera lancée prochainement avec les associations, les familles, les médecins, les patients… pour définir d’autres moyens d’exprimer le refus" que le registre national.
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En vidéo : "Don d'organes : dites-le à vos proches" avec Gilles Lellouche