Vaccin pédiatrique contre la gastro : les recommandations suspendues, finalement
A la suite de complications sévères et du décès de deux bébés, attribués au vaccin contre la gastro-entérite, le Haut Conseil de la santé publique a finalement décidé de suspendre ses recommandations de vaccination.
Après la révélation, par Le Canard enchaîné du 1er avril dernier, du décès de deux bébés, attribués au vaccin contre des infections à rotavirus, l’Agence du médicament avait fait part de son inquiétude et rappelé aux professionnels de santé les complications, potentiellement graves, que pouvaient entrainer ce vaccin sur le plan digestif. Elle avait précisé que ces décès étaient survenus en 2012 et en 2014, suite à une infection intestinale grave aiguë, déclarée dans un cas quelques jours après l’injection et dans l’autre cas, juste après l’administration du vaccin.
En outre, la Haute Autorité de Santé, réunie au même moment, le 1er avril dernier, pour statuer sur le remboursement de ce vaccin, avait jugé que le Service Médical Rendu (SMR) était "insuffisant pour une prise en charge par la solidarité nationale."
Quand le HCSP fait machine arrière. Quelques semaines plus tard, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) s'est visiblement aligné sur la position de la HAS. Elle suspend la recommandation de vaccination des nourrissons contre les infections à rotavirus, peut-on lire dans un rapport publié le 7 mai. Ainsi, elle prend une position contraire à celle qu'elle avait tenue, lors de la publication de ses précédentes recommandations en février 2014. Elle conseillait alors cette vaccination chez tous les nourrissons de moins de 6 mois afin de diminuer les gastroentérites à rotavirus, responsables chaque année de "14 000 hospitalisations pour diarrhées sévères chez les moins de 3 ans" et de "7 à 17 décès estimés". Dans le dernier rapport publié, le HCSP appuie sa décision en expliquant que "la notification d’effets indésirables graves y compris ayant pu entraîner la mort, après la vaccination de nourrissons contre les infections à rotavirus" l’a conduit à reconsidérer sa position.
Pour compliquer encore les choses, rappelons que le HCSP s'était positionné dans un premier temps (en 2006 et en 2010) contre cette vaccination, mentionnant alors clairement le risque d’invagination intestinale aiguë. Les effets indésirables liés à ce vaccin sont en effet connus depuis 2006 par les autorités de santé et notifiés dans la notice du vaccin. Ils font d'ailleurs l’objet depuis janvier 2012 d’une surveillance renforcée en pharmacovigilance. Entre le début de la commercialisation en France des deux vaccins contre la gastro du nourrisson, en 2006, et jusqu’au 31 octobre 2014, plus d'un million de doses ont été distribuées. Et, selon l'Agence du médicament (ANSM), ce sont 508 effets indésirables qui ont été notifiés pendant cette période, parmi lesquels 201 graves.
Les deux vaccins, le RotaTeq (Sanofi Pasteur MSD) et le Rotarix (GSK) ne sont pas inscrits au calendrier vaccinal et ne seront donc pas remboursés. Ils ne sont désormais plus recommandés. Néanmoins, le HCSP rappelle que si cette vaccination est pratiquée à titre individuel et dans le cadre de son autorisation de mise sur le marché (AMM), le médecin doit informer la famille de l’enfant vacciné du risque d’invagination intestinale aiguë et des manifestations cliniques devant motiver une consultation en urgence.
Le risque principal de la gastro-entérite est la déshydratation. Elle peut être limitée par des gestes préventifs : peser l'enfant régulièrement, donner à boire des solutions de réhydratation orale le plus souvent possible par petites quantités et consulter d'urgence un médecin si des signes cliniques de déshydratation apparaissent (yeux cernés, fontanelle déprimée, perte de poids...).