Afrique : les faux médicaments responsables de la mort de 122 350 enfants en 2013

Les médicaments contrefaits auraient causé la mort de plus de 122 000 enfants en Afrique en 2013. Ces imitations nocives envahissent le marché mondial. Explications.

Afrique : les faux médicaments responsables de la mort de 122 350 enfants en 2013
© Dan Race

Alerte à la contrefaçon ! D’après 17 études regroupées dans un numéro spécial de la revue scientifique American Journal of Tropical Medicine and Hygiene (AJTMH) paru le 20 avril 2015, 122 350 enfants seraient morts en Afrique en 2013 à cause de faux médicaments. De quoi s'agit-il ? Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), "un médicament contrefait est un médicament qui est délibérément et frauduleusement muni d'une étiquette n'indiquant pas son identité et/ou sa source véritable". Ce trafic n'est pas négligeable  : l’OMS estime que la contrefaçon de médicaments concernerait 15% des médicaments dans le monde, et jusque 30% en Afrique. C'est pourquoi la fondation Chirac, la Fédération Internationale des Fabricants et Associations Pharmaceutiques (IFPMA) et l’Association pour l’Information sur les Médicaments (DIA) ont organisé le 29 avril dernier un séminaire à Dakar (Sénégal) pour amorcer une réflexion sur les mesures à prendre pour endiguer ce commerce. 

Les auteurs des études parues dans l'AJTMH se sont principalement intéressés à l’Afrique, terrain favori de cette industrie illégale à cause d’un manque de contrôle, d’un déficit de structures pharmaceutiques, et d’une offre de médicaments inférieure à la demande. Pour réaliser ces études, près de 17 000 échantillons ont été analysés. Parmi eux, des antipaludéens, des antituberculeux et des antibiotiques. Les résultats sont consternants : jusqu’à 41% des médicaments ne respecteraient pas les standards de qualité. 

Entre faux et mauvais médicaments. Parmi ces imitations, une distinction existe entre les faux médicaments qui ne contiennent pas la substance pharmacologique active et les médicaments de mauvaise qualité qui sont quant à eux insuffisamment ou trop dosés. Ces derniers favorisent l’apparition de résistance dans des maladies infectieuses comme le sida, le paludisme ou encore la tuberculose, constituant un frein pour la recherche médicale. Dans tous les cas, les contrefaçons sont nocives pour le malade qui croit se soigner. Certaines présentent même des traces de mercure, d’uranium, voire de mort-aux-rats.

Une véritable menace. Plusieurs des études préconisent donc la mise en place urgente de politiques nationales strictes pour contrer cette "menace réelle et urgente". Des travaux de mobilisation devraient passer par "la responsabilisation des décideurs politiques insuffisamment engagés et par la sensibilisation des populations quant aux risques encourus, rarement conscientes de cette nouvelle forme de criminalité", souligne Marc Gentilini, professeur de médecine spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, dans une tribune datée du 16 avril sur le site internet de la fondation Chirac. 

Le danger existe aussi sur internet. Depuis 2013, certains médicaments disponibles sans ordonnance sont vendus en ligne. Ces plateformes peu contrôlées peuvent être le lieu de transit de médicaments contrefaits. C’est pourquoi depuis mars 2015, un nom de domaine .pharmacy a été mis en place pour garantir l’accès à une pharmacie en ligne légale et sûre.