Le cancer du poumon fera bientôt plus de victimes que le cancer du sein
Une étude révèle les grandes évolutions à prévoir cette année en terme de mortalité liée aux cancers. Pour la première fois, cette année en Europe, le cancer du poumon devrait tuer plus de femmes que le cancer du sein.
Le nombre de décès liés au cancer du poumon en Europe devrait dépasser cette année celui des cancers liés au cancer du sein. C’est en tout cas la conclusion de travaux publiés dans la revue Annals of Oncology, fin janvier. Grâce à des prévisions statistiques réalisées sur l’ensemble de l’Union européenne, les chercheurs italiens auteurs de cette étude, ont obtenu une projection du nombre de décès à prévoir selon le type de cancer et en fonction de l’âge.
Baisse de la mortalité liée au cancer en 2015. Même si le nombre de personnes atteintes de cancers va continuer d’augmenter au sein de l’Union européenne en raison du vieillissement de la population, la situation devrait s’améliorer en terme de mortalité liée à ces cancers estiment les auteurs de l’étude. Chez les hommes, le taux de mortalité des trois cancers les plus fréquents (poumon, colorectal et prostate) est en baisse comparativement à 2009 : -9 % pour le cancer du poumon, -5 % pour le cancer colorectal et -12 % pour le cancer de la prostate. L’autre bonne nouvelle, c’est que l’on meurt de moins en moins du cancer du sein en Europe. Cette tendance observée depuis le début des années 90 se confirme donc en 2015.
Deux exceptions viennent toutefois ternir ces projections. D’abord, chez les hommes, comme chez les femmes, la mortalité liée au cancer du pancréas, dont le diagnostic demeure difficile, devrait vraisemblablement continuer de progresser (environ +5 % chez les deux sexes).
Chez les femmes aussi, la situation est très préoccupante. Même si elles meurent de moins en moins du cancer du sein et du cancer colorectal (-10 % pour le sein et -8 % pour le colorectal), le taux de mortalité lié au cancer du poumon devrait progresser en 2015. Les estimations prévoient une progression de 9 %, ce qui ferait du cancer du poumon, le cancer le plus meurtrier chez les femmes : on passerait ainsi, si les projections se révèlent justes, de 14,24 décès par cancer du poumon pour 100 000 femmes européennes, contre 14,22 décès en ce qui concerne le cancer du sein.
Disparités selon les pays. Au sein de l'Union Européenne, les Britanniques et les Polonaises sont particulièrement touchées par cette inversion des courbes des cancers du sein et du poumon. Grande-Bretagne et Pologne enregistrent de fait un taux de mortalité lié au cancer du poumon au-dessus de la moyenne européenne : respectivement des taux de 21 et 17 décès pour 100 000 femmes (contre 12 décès pour 100 000 femmes en France). "Cela est dû au fait que les femmes britanniques ont commencé à fumer durant la Seconde guerre mondiale, alors que dans la plupart des autres pays de l’Union européenne, les femmes ont commencé à fumer après 1968", est-il précisé dans l’étude.
En France, même si les décès liés au cancer du poumon restent au deçà de la moyenne européenne, il n’empêche que l’inversion des courbes semble inévitable. Les femmes meurent de plus en plus du cancer du poumon, en raison de la progression du tabagisme féminin et du fait que le cancer du poumon demeure moins bien diagnostiqué et de moins bon pronostic que le cancer du sein.