L'efficacité d'un traitement préventif du Sida est confirmée
Un essai clinique confirme l'efficacité d'un médicament pris au moment des rapports sexuels pour réduire le risque d'infection par le virus VIH.
L'Agence de recherche sur le sida (ANRS) qui mène l'essai clinique sur l'antiviral Truvada® évoque un "grand succès dans la lutte contre le VIH/sida".
Il ne s'agit pas d'un traitement pour soigner les personnes séropositives, mais d'un traitement préventif ciblé pour la communauté homosexuelle, particulièrement à risque d'être contaminée par le virus HIV. Son efficacité est testée dans le cadre d'un essai clinique (IPERGAY) mené par l'ARS depuis février 2012. Au total, plus de 400 volontaires hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, prennent ce médicament anti-VIH uniquement au moment d'une exposition à un risque sexuel. C'est-à-dire que les personnes qui participent à l'essai sont censées se protéger avec des préservatifs, mais qu'elles peuvent utiliser en complément le médicament si besoin. L'originalité de cet essai, c'est donc que c'est un traitement "à la demande", à prendre juste avant un rapport sexuel, en plus du préservatif.
Jusqu'à présent, les participants étaient répartis en deux groupes : l'un recevant le traitement Truvada®, l'autre un placebo. Les auteurs de l'étude constatant une réduction très importante du risque d'infection par le VIH dans le groupe utilisant le Truvada®, le comité scientifique d'IPERGAY a pris la décision de faire évoluer l'essai. Ainsi, tous les participants pourront désormais bénéficier des effets préventifs du médicament. Par ailleurs, l'essai se poursuivra "pendant au moins un an" selon son nouveau protocole, selon l'ANRS. L'objectif est désormais de vérifier le maintien du bénéfice de ce traitement sur le long terme ainsi que sa tolérance. Il s'agit en effet d'un traitement lourd, avec des effets indésirables.
Relâchement des pratiques. Actuellement plus de 6000 personnes découvrent chaque année leur séropositivité en France. L'infection par voie sexuelle est prédominante puisqu'elle représente 99 % de ces cas. "Il est donc prioritaire et urgent de développer de nouveaux moyens de prévention en particulier pour les groupes les plus exposés au risque d'être infectés lors de rapports sexuels : c'est le cas des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) qui représentent 42 % des nouveaux cas", précise l'ANRS.
Une protection supplémentaire en plus du préservatif. Pour éviter toute confusion, précisons que le Truvada® n'est pas destiné à remplacer le préservatif, ainsi que le rappelle le Pr Jean-Michel Molina qui a coordonné cet essai : "L'efficacité observée ne doit néanmoins pas faire oublier que le préservatif reste la pierre angulaire de la prévention. C'est en additionnant tous les outils de prévention qui auront fait leur preuve que nous serons en mesure de contrôler efficacement l'épidémie du VIH/sida".
L'association AIDES applaudit. "Ces premiers résultats d'IPERGAY ne laissent plus aucun doute : cette nouvelle stratégie de prévention est efficace au-delà de nos espérances. Nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre les résultats définitifs de l'essai (disponibles au printemps 2015) pour mettre ce nouvel outil à disposition de toutes les personnes exposées au risque", explique Bruno Spire, président de AIDES. "Et ce, quel que soit leur genre ou leur orientation sexuelle." L'association précise que ce traitement répond à un besoin exprimé par l'ensemble des populations vulnérables, au-delà de la seule communauté gay. Aussi, AIDES demande à la Ministre de la Santé Marisol Touraine d'accélérer le processus d'examen de notre demande de RTU (Recommandation temporaire d'utilisation).