Test diagnostic rapide, antiviraux, vaccins... Où en est la recherche sur Ebola en France ?
Alors que l'épidémie Ebola continue de s'étendre en Afrique de l'Ouest et que le dernier bilan de l'OMS fait état de 4500 décès, la France a mis en place plusieurs programmes de recherche.
En dehors des traitements symptomatiques, aucun traitement n'est à ce jour efficace pour soigner Ebola. A ce titre, la Ministre de la Santé et la Secrétaire d'Etat à l'Enseignement Supérieur et à la Recherche ont confié en août 2014 à l'Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan), la préparation et l'organisation de la réponse de la recherche française aux émergences infectieuses. Objectif : développer à court terme des tests et des antiviraux, et à moyen terme, des vaccins. Le point sur les projets de recherche en cours.
La priorité : le test de diagnostic rapide. L'épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest impose de pouvoir réaliser simplement et rapidement des diagnostics. Pour l'heure, tout reste à faire sur ce plan. La situation actuelle est en effet paradoxale, avec d'excellentes techniques diagnostiques dans les centres nationaux de référence (CNR), mais une absence de standardisation des techniques utilisables sur le terrain. L'objectif est, donc, de développer un test diagnostic prêt à l'emploi pour dépister Ebola et le différencier des autres maladies hémorragiques qui sévissent en Afrique de l'Ouest.
Les tests de détection rapides sur lesquels travaillent actuellement des chercheurs français devraient se présenter sous le même format que les tests de grossesse. Ils seraient utilisables sur le terrain, à partir d'une seule goutte de sang, de plasma ou d'urine. "Peu cher, ce test est capable de donner une réponse en 10 minutes pour tout patient présentant des symptômes de cette maladie, peut-on lire dans un communiqué, publié ce mardi. Il vient de faire l'objet d'une validation technique au Laboratoire P4 Jean Mérieux-Inserm de Lyon sur la souche qui sévit actuellement en Afrique de l'Ouest. La phase d'industrialisation démarrera avec le concours d'une PME française."
Trois antiviraux actuellement testés. Tous les traitements thérapeutiques passent par une phase de recherche animale avant d'être validés chez l'homme par des essais cliniques. Néanmoins dans un contexte d'urgence sanitaire, les chercheurs souhaitent directement faire appel aux primates car il semble que ce soit le groupe d'espèce le plus pertinent. L'objectif est donc de montrer l'efficacité des certains antiviraux en utilisant le modèle animal. "Dans ce cadre, trois types d'antiviraux potentiels seront testés, le favipiravir (un anti-viral utilisé comme anti-grippal au Japon, NDLR), la lavimudine (un anti-viral efficace contre le virus du Sida, NDLR) et des anticorps (le ZMapp, NDLR)", est-il précisé dans le communiqué diffusé par Aviesan. Avec des délais estimés à 20 semaines pour le favipiravir, à 4 semaines pour le lavimudine et à 5 semaines pour les anticorps.
Essai clinique de phase 2 en Guinée. La mortalité actuelle du virus Ebola est toujours supérieure à 40 %. Des médicaments ayant une activité spécifique contre le virus sont donc plus que jamais nécessaires. Le favipiravir, autorisé au Japon dans le traitement de la grippe sévère, a rencontré chez la souris une efficacité contre le virus Ebola et fait partie de la liste OMS des molécules à tester. L'objectif est, désormais, d'évaluer l'impact de ce traitement dans la réduction de la mortalité et la diminution de la charge virale dans le sang chez des adultes au tout début de la maladie. L'essai clinique devrait démarrer en Guinée en novembre et durer 9 mois, mais des résultats préliminaires sont attendus avant la fin de l'année.
Et si on utilisait des médicaments déjà sur le marché ? Une équipe de chercheurs français travaille actuellement à l'identification de médicaments qui bénéficient déjà d'une autorisation de mise sur le marché et qui pourraient être repositionnés dans une indication thérapeutique contre Ebola. Une fois ces molécules identifiées, elles seront testées in vitro et in vivo au laboratoire P4 Inserm-Jean Mérieux. 54 molécules potentielles ont déjà été identifiées (dont des anticancéreux). Les résultats devraient être connus avant fin décembre 2014.
Le pourquoi du comment circule l'information "Ebola" sur les réseaux sociaux. Une toute autre étude en cours porte sur les processus de circulation des informations sur l'épidémie d'Ebola diffusées par les autorités de santé et humanitaires (gouvernementales et ONG, locales et internationales) dans deux catégories de pays : les pays d'Afrique affectés par l'épidémie et trois pays du Nord (France, USA et Canada). Son objectif est de répondre à plusieurs interrogations, parmi lesquelles : quelles sont les différentes représentations qui circulent sur le virus Ebola (représentations populaires, rumeurs, polémiques et controverses) ? Quelle est la relation entre les discours diffusés par les médias traditionnels et par les réseaux sociaux ? Quels sont les facteurs qui influencent la crédibilité des voix et des messages controversés ?
Selon un récent sondage, un Français sur trois aurait peur d'être contaminé par le virus Ebola. Pourtant, il n'y a, pour l'heure, aucun malade confirmé en France et les autorités sanitaires se montrent rassurante.
Inquiétude légitime ou vraie psychose ? Ce qui est sûr, c'est que ces dernières questions autour du traitement de l'information sur Ebola devraient fournir des éléments d'analyse intéressants.
Crédit photo : Laboratoire P4 Mérieux-Inserm ©Inserm/Guénet, François
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