Médecin traitant pour les enfants : la fausse bonne idée ?
Marisol Touraine a présenté ce matin son projet de loi de Santé au Conseil des ministres. Parmi ses mesures phares, celle de désigner un médecin traitant pour les enfants.
Pédiatre ou généraliste, peu importe, ce qui est certain c'est que les parents auront bien à choisir un médecin traitant pour leurs enfants. C'est ce qu'a annoncé Marisol Touraine ce mercredi lors de la présentation de son projet de loi de Santé en Conseil des ministres. Une mesure qui "vise à affirmer le rôle pivot du médecin traitant dans le suivi du parcours de soins des enfants de 0 à 16 ans, explique le ministère de la Santé. Ce qui permettra par exemple de renforcer le dépistage précoce de l'obésité, des troubles de l'apprentissage ou, plus tard, des conduites addictives." Avant de préciser que la loi de Santé prévoit une formation en pédiatrie aux médecins généralistes, sous la forme de stages obligatoires pour les internes de médecine générale.
Une idée qui ne fait pas l'unanimité. Jusqu'à présent, seuls les plus de 16 ans étaient dans l'obligation de choisir un médecin traitant dans le cadre de leur parcours de soin. L'annonce de Marisol Touraine de l'élargir aux enfants en juin dernier avait suscité l'inquiétude des pédiatres. "Nous ne comprenons pas où est l'intérêt pour la santé de l'enfant, avait expliqué au JournaldesFemmes.com le Dr Nathalie Gelbert, pédiatre à Chambéry et présidente de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). Dans tous les cas, que le parent choisisse le pédiatre ou le généraliste, elle craignait qu'une telle mesure "fige" le suivi médical de l'enfant, d'autant plus dans un contexte où pédiatres et généralistes sont déjà "débordés". "La situation étant déjà compliquée, ce n'est pas le moment d'empêcher les parents de naviguer du pédiatre au généraliste en fonction des besoins de leurs enfants", avait-elle ajouté. Côté généralistes, la nouvelle avait été mieux accueillie. En particulier par le syndicat MG France qui soutenait ce projet depuis le début.
Intérêt limité pour l'enfant. Selon le Dr Gelbert, "on perdra en rapidité de diagnostic et de traitement. Et puis, dans les zones où il y a moins de pédiatres, les parents qui aujourd'hui amènent une fois par an leur enfant en consultation, ne vont pas être encouragés à continuer à le faire. Et si c'est le pédiatre qui est choisi [comme médecin traitant, NDLR], il sera monopolisé pour effectuer toutes les consultations, des plus banales aux plus lourdes. Il aura donc moins de temps à libérer pour les consultations qui demandent un avis de spécialiste, par exemple lorsque les enfants sont envoyés par l'hôpital (suivi de prématurés, suivi post-chirurgical, etc.)."