Le mystère des réservoirs à virus contre le Sida
Les réservoirs à virus constituent un obstacle majeur à l'élimination du VIH par les traitements antirétroviraux. Explications.
La généralisation des antirétroviraux depuis 1996 aurait permis de gagner un total de 19 millions de vies dans le monde, a-t-on appris d'une étude publiée mardi dans la revue The Lancet, à l'occasion de la conférence internationale sur le sida qui se tient en ce moment à Melbourne (Australie). Ces antirétroviraux sont en effet connus pour combattre le virus du sida au point de le rendre indétectable dans le sang, offrant ainsi la possibilité de pouvoir prolonger durablement la vie des personnes infectées. Et de limiter les risques de transmission. Ces médicaments qui se prennent sous forme de trithérapie bloquent en effet le passage du virus du sida dans nos cellules.
Pourtant, selon une autre étude menée sur les singes et publiée dans la revue Nature, en amont de la conférence sur le sida, il demeure un obstacle majeur à l'élimination du VIH par ces traitements : celui des réservoirs à virus. Ces derniers sont capables de s'installer très rapidement dans les corps et ils présentent donc "un défi nouveau et important pour les stratégies d'éradication du VIH", selon les chercheurs britanniques de la Harvard Medical School. De quoi s'agit-il ? En fait, le virus du sida aurait la capacité de s'introduire dans des cellules "dormantes" pendant un certain temps et surtout très rapidement après l'infection (moins de 3 jours après l'infection selon cette étude). Le virus serait alors endormi et non actif. Mais une fois les traitements arrêtés, il pourrait réapparaître et de nouveau s'attaquer au système immunitaire du patient.
Faux espoirs pour une fillette américaine. Cette étude vient corroborer les récents développements du cas du "bébé du Mississippi". Née aux Etats-Unis d'une mère infectée par le VIH, cette fillette avait reçu de fortes doses de traitement aussitôt après la naissance et poursuivi une thérapie durant 18 mois, avant d'être déclarée "guérie" par les médecins. Mais lors d'un test de routine, effectué il y a deux semaines, soit plus de deux ans après l'arrêt des traitements, le fillette avait de nouveau été déclarée séropositive. "Il existe des différences importantes entre les singes infectés par le SIV et les humains infectés par le VIH", commente pour l'AFP l'un des auteurs de l'étude, Dan Barouch. Cependant, "les résultats cliniques malheureux de rebond viral chez le bébé du Mississippi semblent être concordants avec les données de ces singes" et constituent un "défi important pour les efforts d'éradication du VIH", selon ce chercheur de la Harvard Medical School.
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