19 millions de personnes ne connaissent pas leur statut HIV
En amont de la 20e Conférence internationale sur le sida, le rapport de l'Onusida révèle que le nombre de nouvelles contaminations est au plus bas. Mais la situation reste contrastée et préoccupante.
En finir avec l'épidémie de sida ? Cela pourrait devenir une réalité dans tous les pays du monde et dans toutes les communautés. Il y a en effet plusieurs raisons de le croire, selon le dernier rapport de l'Onusida. La preuve, les nouvelles infections au virus VIH continuent de décliner : en 2013, on compte 2,1 millions de nouvelles infections, contre 3,4 millions en 2001, soit une baisse de 38 %. Des progrès ont de plus été réalisés pour diminuer les transmissions mère-enfant au moment de l'accouchement grâce à l'accès aux antiviraux pour les femmes enceintes séropositives. Le rapport souligne de plus que les efforts pour améliorer l'accès à la thérapie antirétrovirale sont récompensés : en 2013, 2,3 millions de personnes supplémentaires ont pu avoir accès à ces médicaments qui sauvent des vies.
Un accès à la prévention et aux soins encore très contrasté. "Nous continuons à battre des records, mais nous sommes également confrontés à de nouveaux défis. Pour la première fois, nous pouvons montrer que 19 des 35 millions de personnes qui vivent avec le Sida ne savent même pas qu'elles ont le virus, a déclaré Michel Sidibé, directeur général de Onusida, à l'occasion de la présentation des derniers chiffres sur le VIH. La question de savoir si vous pouvez vivre ou mourir ne devrait pas dépendre de l'accès à un test VIH. Une mise à niveau plus intelligente est requise pour combler l'écart entre les gens qui connaissent leur statut VIH et ceux qui ne le connaissent pas, entre les gens qui peuvent obtenir des services et les gens qui ne le peuvent pas, et entre les gens qui sont protégés et ceux qui sont punis". Le rapport analyse ainsi les raisons pour lesquelles un fossé se creuse entre les personnes qui parviennent à avoir accès à la prévention, au traitement et aux soins et les personnes qui sont laissées pour compte. La question des financements est notamment cruciale. Même si les ressources financières allouées à la lutte contre le sida augmentent, l'Onusida estime qu'il faudrait aller plus loin pour financer la riposte contre le virus du Sida.
Aujourd'hui, trois ou quatre pays supportent le fardeau de l'épidémie mondiale. L'Afrique subsaharienne reste la région la plus touchée par le virus avec 1,5 million de nouvelles infections l'an dernier, même si ce chiffre représente toutefois une baisse de 33 % entre 2005 et 2013. L'Afrique du Sud, le Nigéria et l'Ouganda représentent ainsi 48 % de toutes les nouvelles infections à VIH.
Les enfants, moins bien traités que les adultes. La bataille est loin d'être achevée, souligne Michel Sibidé, expliquant que "22 millions de personnes n'ont pas accès à un traitement salvateur". De plus, 38 % de l'ensemble des adultes vivant avec le VIH bénéficient d'un traitement, contre 24 % des enfants. Au total, le nombre de personnes vivant avec le virus du sida a encore légèrement progressé l'an dernier, passant à 34,6 millions en 2012 à 35 millions en 2013.
Le rapport estime par ailleurs que la prévalence du VIH est 28 fois plus élevée parmi les personnes qui s'injectent des drogues, 12 fois plus élevée parmi les professionnel(le)s du sexe et 19 fois plus élevée parmi les homosexuels. En Afrique subsaharienne, les adolescentes et les jeunes femmes représentent une nouvelle infection à VIH sur quatre.
"Si nous sommes malins et que nous intensifions nos efforts d'ici 2020, nous serons sur la bonne voie pour mettre fin à l'épidémie d'ici 2030, afin que le sida ne soit plus une menace pour la santé publique. Nous avons une fenêtre fragile de cinq ans pour saisir l'occasion parce que ce que nous ferons au cours des cinq prochaines années va déterminer les quinze années suivantes", a encore déclaré le directeur général de l'Onusida.
En vidéo : déclaration du Directeur général de l'Onusida