Tubes de SRAS égarés : Marisol Touraine et Benoît Hamon dénoncent des négligences
Suite à la disparition de plus de 2300 tubes contenant des fragments de virus SRAS à l'Institut Pasteur, Marisol Touraine et Benoît Hamon ont cosigné une note révélant de nombreuses anomalies.
Le 13 avril dernier, l'Institut Pasteur annonçait avoir perdu 2349 tubes contenant des fragments du virus du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), qui avait semé la terreur en 2003, causant une pandémie mondiale et le décès de plus de 800 personnes, en Asie principalement.
L'annonce de la perte d'un si grand nombre de tubes contenant des fragments de virus particulièrement dangereux était pour le moins inquiétante. L'Institut Pasteur, s'était montré cependant rassurant et avait alors exclu tout risque de contagion. "Nous n'avons pas de doute sur la sécurité et sur l'innocuité des prélèvements contenus dans les tubes disparus", affirmait alors le Pr Christian Bréchot, le directeur général de l'Institut Pasteur. L'hypothèse la plus probable, avancée par l'organisme de recherche était une erreur de traçabilité survenue à l'occasion d'un défaut de transfert entre congélateurs. Une situation "inédite" mais néanmoins "inacceptable" pour l'Institut Pasteur, qui avait donc décidé de fermer le laboratoire P3 concerné et de déposer une plainte contre X.
Dans une note confidentielle adressée aux responsables de l'Institut Pasteur, Marisol Touraine, ministre de la Santé et Benoît Hamon (ex-ministre de la Recherche) font part de leur inquiétude. Selon le site d'information Mediapart, qui a eu accès à ce document daté du 16 avril, les ministres y énumèrent pêle-mêle une série d'anomalies préoccupantes : "Forte probabilité de destruction [des échantillons] non ordonnée par les responsables et sans traçabilité, retard de deux mois dans la transmission de l'information aux autorités compétentes, listes des personnes habilitées non initialement disponibles, congélateurs non sécurisés, absence de vidéosurveillance, archives non disponibles le week-end." Cette note est adressée à Pierre Boissier, directeur de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS), et à Jean-Richard Cytermann, chef du service de l'inspection générale de l'éducation nationale et de la recherche (IGAENR). Selon le site d'information, elle charge les deux inspecteurs d'une mission visant à contrôler "l'ensemble des laboratoires de haute sécurité biologique de l'Institut Pasteur", soit dix-huit laboratoires et deux animaleries. Cette opération doit permettre de mettre à l'épreuve les mesures de sécurité de l'Institut. Selon Mediapart, un premier rapport est attendu pour le 31 mai, et des conclusions définitives à la fin de juillet.
La perte des tubes, contenant notamment des échantillons naso pharyngés bronchiques prélevés sur des patients atteints du SRAS en 2003, avait été constatée en janvier dernier lors d'un inventaire à l'Institut Pasteur, mais signalée seulement deux mois plus tard à l'Agence du médicament et des produits de santé (ANSM). Informée le 28 mars, l'ANSM avait mené une inspection du 8 au 12 avril, et avait qualifié de "nul" leur potentiel infectieux.