2349 tubes du virus SRAS égarés par l'Institut Pasteur
Les fragments de virus contenus dans les tubes provenaient de patients qui avaient contracté le SRAS en 2003. Néanmoins, il n'y aucun doute sur leur innocuité selon l'Institut Pasteur.
"Depuis le début, nous n'avons pas de doute sur la sécurité et sur l'innocuité des prélèvements contenus dans les tubes disparus", a affirmé le Pr Christian Bréchot, le directeur général de l'Institut Pasteur, lors d'une conférence de presse ce dimanche. "Nous savons qu'il n'y a pas de matériel contagieux et infectieux" a-t-il encore précisé. Hier déjà, un comité d'experts indépendants saisi par l'Agence du médicament avait qualifié de "nul" leur potentiel infectieux. Au total, 2349 tubes, qui avaient été acheminés à l'Institut Pasteur lors de l'épidémie de SRAS en 2003, ont disparu du laboratoire P3 de l'Institut Pasteur.
Les experts s'appuient sur des tests menés sur ces échantillons en 2003 dans le cadre de programmes de recherche. "Aucun des tests d'infectiosité n'avait été positif", a certifié le directeur de l'Institut Pasteur. Par ailleurs, en décembre 2012, les tubes étaient restés stockés plusieurs jours dans un congélateur qui avait décongelé, donc soumis à des températures élevées, "inactivant vraisemblablement les virus", a expliqué le Pr Bréchot. A l'intérieur des tubes se trouvaient notamment des échantillons naso pharyngés bronchiques prélevés sur des patients du SRAS en 2003. "Il s'agit de fragments de virus, pas de virus complets", apportant ainsi une nouvelle preuve qu'ils ne sont "pas contagieux".
L'Institut Pasteur porte plainte contre X. Même s'il n'existe pas de preuve formelle, l'hypothèse la plus probable avancée par l'Institut Pasteur est celle d'une erreur de traçabilité lors d'un transfert entre congélateurs. Une situation "inédite" mais néanmoins "inacceptable" pour l'Institut Pasteur, qui a décidé de fermer le laboratoire P3 concerné et de déposer une plainte contre X auprès du procureur de Paris afin de comprendre ce qu'il s'est réellement passé. Aucune disparition de tube n'avait jamais été observée auparavant à l'Institut Pasteur, qui compte 18 laboratoires P3, dont 7 avec du matériel hautement pathogène.
L'hypothèse d'un acte de malveillance terroriste au sein du laboratoire pour faire disparaître les tubes ne peut être écartée. Même si "la possibilité d'une manipulation malveillante serait sans effet et nécessiterait une technicité au moins égale à celle de l'Institut Pasteur", peut-on lire dans le rapport du groupe d'experts. Toutefois, "il faut tout envisager", a indiqué le directeur de l'Institut Pasteur.
Il y a plus de 10 ans, le SRAS (syndrome respiratoire aigü sévère) semait la terreur et causait le décès de plus de 800 personnes, principalement en Asie. Le virus était parti de Chine fin 2002, avant de se propager au niveau mondial en 2003. L'OMS avait rapidement réagi, instaurant des mesures de quarantaine et d'isolement. Il avait été éradiqué en l'espace de 8 mois.