Entretien avec le Pr Charpentier "Le don d'organe, il faudrait en parler dès l'école"

Quelle est la situation en France ?

Le nombre de dons augmente, mais très lentement. Par contre le nombre de receveurs augmente plus rapidement ! La différence entre le nombre de donneurs et le nombre de receveurs est de plus en plus importante. La population française est vieillissante, donc avec de plus en plus d'organes défaillants, pour le rein en particulier, mais aussi le foie à cause des maladies virales comme l'hépatite C, qui est un vecteur d'insuffisance hépatique.

Quelles sont les principales raisons de cette pénurie ?

 On estime (statistiquement) que dans notre pays on devrait avoir 50 prélèvements par an par million d'habitants, soit 3 000 prélèvements (6 000 reins) par an en France. Dans les faits, il n'y a actuellement que 25 prélèvement/an/Mhabt réalisés en France, la moitié seulement du potentiel. D'autres pays européens comme l'Espagne sont pourtant à 35-40, donc ce n'est pas impossible.

Les dons en France ne sont qu'à la moitié du potentiel du pays.

 Parmi les raisons qui expliquent cette pénurie en France, il y a le refus familial qui intervient dans 30 à 40 % des cas selon les régions. On ne peut alors avoir que 4 greffons sur 10 ! Ensuite, il y a une mauvaise organisation et coordination. En effet, les petits hôpitaux ne bénéficient pas toujours d'un coordinateur de greffes qui permettrait pourtant de lier l'ensemble des endroits où des greffes seraient disponibles entre eux. Il n'existe pas de "recording" c'est-à-dire de coordination pour les morts cérébrales dans les hôpitaux en France. Les morts prélevables représentent 1 % du total des morts. Ce pourcentage est donc extrêmement fragile et important.

 Enfin, alors qu'on explique aux enfants qu'il faut se laver les dents avant d'aller dormir, on ne leur explique pas le don d'organe, il faudrait en parler dès l'école.

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