Les IVG en légère progression en 2013
229 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été réalisées en France en 2013, selon une étude de la DREES, qui vient d'être publiée.
Malgré les dernières mesures annoncées par le ministère de la Santé pour faciliter l'accès aux interruptions volontaires de grossesse (IVG), en particulier la suppression du délai de réflexion, celles-ci repartent à la hausse. Certes, le recours à l'IVG est globalement stable depuis 2006, mais il enregistre une hausse en 2013, après deux années de légère baisse : il est ainsi passé de 226 100 en 2010 à 222 200 en 2011, et 219 100 en 2012. C'est la constat que fait la DREES dans son étude "Les interruptions volontaires de grossesse en France en 2013".
Dans le détail, c’est parmi les femmes de 20 à 24 ans que les IVG restent les plus fréquentes et en progression depuis 1990. En effet, pour 1000 femmes, le nombre moyen d’IVG est de 15,6 entre 15 et 49 ans, dans toute la France. Mais entre 20 et 24 ans, ce taux grimpe à 28,8. En revanche, il continue à diminuer légèrement chez les moins de 20 ans depuis 2010.
Les écarts régionaux perdurent. On observe parfois des taux de recours à l'IVG variant du simple au double d'une région à l'autre. Exemple parlant : on observe 11 IVG pour 1 000 femmes de 15 à 49 ans dans les Pays de la Loire, contre 22 pour 1 000 femmes en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
L’Ile de France, la PACA, la Corse et le Languedoc-Roussillon affichent les taux moyens d’IVG les plus élevés (supérieurs à 18 IVG pour 1000). Dans les DOM, les taux de recours sont globalement plus élevés qu’en Métropole, avec 21 IVG pour 1 000 femmes à La Réunion, 26 en Martinique et en Guyane et jusqu’à 40 IVG pour 1 000 femmes en Guadeloupe.
Où sont pratiquées les IVG ? Globalement, on assiste à une moindre utilisation des IVG chirurgicales depuis le début des années 2000, au profit des IVG médicamenteuses qui représentent 58 % du total des IVG. A l'hôpital, le recours au médicament se fait désormais dans 49 % des cas. C'est bien davantage qu'il y a quelques années : en 1992, seulement 10 % des IVG pratiquées à l'hôpital étaient médicamenteuses. Enfin, dans 15 % des cas, les IVG sont réalisées en cabinet médical, 1% dans des centres de santé et le reste en milieu hospitalier.
Les ventes de contraceptifs d’urgence se stabilisent. Depuis juin 1999, date à laquelle la contraception d’urgence est devenue accessible en pharmacies sans prescription médicale, son utilisation s’est très fortement développée : plus d’un million de pilules du lendemain et du surlendemain sont vendues chaque année depuis 2005. Mais depuis 2007, les ventes se stabilisent et sont même en légère baisse en 2013.
Pourtant le nombre des IVG ne peut s'expliquer par un défaut d'accès à la contraception, y compris chez les plus jeunes, estiment les auteurs de cette étude. Selon eux, les derniers chiffres disponibles prouvent le contraire : selon la dernière enquête Fécond (2013), seules 3% des femmes, ne souhaitant pas d'enfants, n'utilisent aucune contraception. De plus, d'après l'enquête réalisée par la DREES en 2007, deux femmes sur trois ayant eu une IVG utilisaient une méthode contraceptive qui n'avait pas fonctionné, soit en raison d'un oubli de pilule, soit d'un accident de préservatif. Enfin, "les femmes connaissent de plus en plus la contraception d'urgence et l'utilisent de plus en plus", affirme la DREES.
Les pilules de 3e génération en cause ? Ce que montrait également l'enquête Fécond, c'est une reconfiguration du paysage contraceptif en France, en partie liée à la controverse de 2012 autour des pilules de 3e et 4e génération : net recul du recours à la pilule depuis 2010 (50% en 2010, 41% en 2013) et report vers le stérilet (+1,9%) et le préservatif (+3,2%). Le recours aux pilules de 3e et 4e génération a ainsi chuté de 40% en 2010 à 25% en 2013, alors que le transfert vers les pilules de 2e génération a été de faible ampleur (22% d'utilisatrices de 2e génération en 2010 et 23% en 2013). Aujourd'hui, les femmes semblent se tourner vers d'autres méthodes contraceptives, le stérilet et le préservatif, mais aussi les méthodes dites "naturelles", comme le ciblage des rapports en dehors des dates de fécondabilité ou le retrait (+3,4 %). "Ce ne sont pas des méthodes fiables. Et c'est loin d'être un progrès pour les femmes et pour le nombre de grossesses non désirées...", avaient commenté pour le JournaldesFemmes.com le Dr Laurence Quentel-Archier, gynécologue médicale au Centre de planification familiale de Port-Royal.
D'après un sondage réalisé en avril dernier, 65 % des Françaises s'estimaient globalement mal informées sur la contraception d'urgence. Parmi les zones d'ombres, son mode d'action (ignoré par 78% des personnes interrogées), son efficacité (74%) et les délais dans lesquels le contraceptif doit être pris (73)%.