Micropénis : définition, taille, quand se faire opérer ?
Le terme médical de "micropénis" désigne une verge dont la mesure est inférieure à la normale. Mais quelle est la norme ? Quand faut-il vraiment s'inquiéter de la taille de son pénis ? A partir de quand parle-t-on de "micropénis" ? Quand l'opération est-elle possible et pour quels résultats ? Réponses avec le Dr Antoine Faix, urologue, andrologue et sexologue.
La taille du pénis est un sujet qui préoccupe beaucoup les hommes... surtout quand ils l'estiment trop petite. Gênés quand ils doivent se mettre nus, inquiets de ne pas être capables de donner du plaisir à leur partenaire, d'entendre des comparaisons malvenues... Elle peut parfois conduire à un vrai mal-être. Mais quand faut-il vraiment s'inquiéter de la taille du pénis ? Quelles sont les normes ? A partir de quand parle-t-on de "micropénis" ? Réponses concrètes -pour faire taire les idées reçues- et conseils avec le Dr Antoine Faix, urologue, andrologue et sexologue.
C'est quoi un micropénis ?
Le terme médical de "micropénis" désigne une verge dont la mesure est inférieure à la normale. "Mais il n'y a pas de définition dans les publications scientifiques indiquant que l'on parle de micropénis à partir de telle taille" précise le Dr Antoine Faix.
Combien de cas en France ?
Le micropénis est rare : cela concernerait 1 homme sur 10 000 en France selon notre interlocuteur.
Quelle taille ?
Il n'y a pas de taille scientifiquement établie pour caractériser un micropénis. Un article publié en 1996 par Wessels rapporte qu' "un micropénis c'est moins de 7 centimètres en érection et moins de 4 centimètres au repos" nous indique l'urologue. Cet article est toujours considéré comme une référence même s'il n'est pas utilisé en pratique par les médecins pour poser leur diagnostic et déterminer la prise en charge de leurs patients. En 2013, des urologues français dont le Dr Antoine Faix ont effectué une revue de la littérature sur la longueur du pénis publiée entre 1990 et 2011 pour définir les indications de chirurgie cosmétique de l'appareil génital masculin. Ils ont conclu qu'une longueur du pénis en traction inférieure à 9,5 cm ou 10 cm en érection pouvait être considérée comme une limite acceptable, chez un homme qui en souffre, pour envisager l'opération.
Technique de mesure du pénis |
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Comment est posé le diagnostic ?
Les médecins ne font pas de recherches pro-actives de "petite verge". Ce que regrette notre interlocuteur notamment chez l'enfant. Il n'y a rien sur le suivi de la taille du pénis dans le carnet de santé or "cela pourrait permettre de diagnostiquer certaines anomalies hormonales ou génétiques plus tôt" et de mettre en place une prise en charge avant la puberté (en cas d'anomalie hormonale, des traitements peuvent être efficaces jusqu'à 13-14 ans sur la croissance de la verge). Chez l'adulte "ce sont les hommes qui viennent et se plaignent d'avoir une verge trop petite par rapport à leurs attentes", explique l'urologue. Le médecin mesure alors la taille de la verge au repos, la taille de la verge en traction (élasticité maximale de la verge quand elle est étirée) qui donne une idée de la longueur en érection et le périmètre. "On regarde ensuite ce qui peut faussement donner l'idée que la verge est petite alors qu'elle ne l'est pas", poursuit le médecin. Par exemple, chez un homme en surcharge pondérale, la verge peut être normale mais enfouie dans la graisse. Le médecin discute ensuite avec le patient pour voir comment il se situe par rapport à la moyenne sachant que "la moyenne de la verge d'un homme au repos se situe entre 7 et 10 centimètres, la plupart sont entre 9 et 10. Et qu'en érection c'est entre 11 et 18 centimètres et la plupart sont entre 13 et 14 centimètres."
Pourquoi certains hommes ont une fausse impression de verge trop petite ?
La plupart des hommes qui consultent ont une verge qui est dans la normale. "On essaie alors de savoir pourquoi ils ont ce sentiment d'avoir une verge trop petite" explique l'urologue. Parmi les raisons invoquées par eux :
- le syndrome du vestiaire : "Quand ils allaient au sport avec leurs copains et qu'ils prenaient la douche, ils avaient l'impression d'avoir la plus petite verge et les copains se moquaient d'eux" détaille notre interlocuteur.
- une gène dans leur vie intime : "Des femmes leur ont fait remarquer qu'ils n'avaient pas une verge très grosse."
- la comparaison entre partenaires notamment chez les homosexuels.
Parmi les raisons médicales pouvant donner une fausse image de verge trop petite :
- l'homme est stressé à l'idée de se mettre nu devant quelqu'un : "C'est un peu comme quand il a froid, la verge au repos va se rétracter."
- l'effet de perspective : "Comme l'homme regarde sa verge du haut et non dans la glace, l'effet de perspective va accentuer l'impression d'avoir une verge petite."
- les standards de l'homme : "Les standards de l'homme se font en fonction de ce qu'il voit. Il y a 40 ans, les jeunes hommes voyaient peu de verges en-dehors des douches au sport ou s'ils faisaient l'armée. Les standards ont changé avec l'avènement de la nudité et de la pornographie, l'homme a un référentiel avec un symbole phallique beaucoup plus important que ce qu'il pouvait se représenter il y a quelques années."
Quelles causes ?
Pour les hommes qui ont une verge vraiment en-dessous de la moyenne, les causes peuvent être une malformation du canal urinaire identifiée pendant l'enfance, une anomalie génétique ou une anomalie hormonale. "Mais pour beaucoup d'hommes, on n'a pas d'explication", indique notre spécialiste. Des hypothèses sont évoquées comme un problème de croissance pendant la grossesse : "Pour un petit garçon, il y a un pic de testostérone fœtale à peu près vers le 3e mois qui va engendrer la différenciation sexuelle et on estime qu'il y aurait pu avoir à ce moment-là des toxiques ou des facteurs environnementaux comme les fameux perturbateurs endocriniens par exemple de la femme enceinte, ou dans la petite enfance ou pendant la puberté qui feraient que peut-être les organes génitaux pourraient se développer moins bien chez certains enfants." Il n'y a pas d'hérédité connue. Mais des différences remarquées entre les ethnies à travers des études : "Les ethnies asiatiques ont classiquement des verges plus petites que les ethnies d'Afrique de l'Ouest" rappelle par exemple l'urologue.
Quelle prise en charge ?
La prise en charge d'un homme qui se plaint d'avoir une verge trop petite dépend de sa souffrance :
- Soit il a compris que sa verge est dans la normale - basse mais dans la normale- mais il a une anxiété qui persiste par rapport à ça, c'est plus fort que lui, il n'arrive pas à être rassuré : "Je propose une évaluation psychologique avant d'envisager une intervention chirurgicale pour qu'il comprenne qu'il est anatomiquement normal et qu'il arrive à prendre du recul par rapport aux expériences négatives qu'il a pu vivre (syndrome du vestiaire, comparaison dans l'intimité...) pour se dire "Je suis normal, c'est comme ça". Comme je dis à mes patients : "Quand vous allez prendre la douche, tout le monde ne fait pas 1,75 mètres ou 1,90 mètres, c'est pareil pour la taille de la verge, elle n'est pas uniforme"."
- Soit il est dans le cas du syndrome de dysmorphophobie pénienne (SDP) : la verge a une mesure dans la normale mais l'homme est convaincu que non, elle n'est pas normale. "Ceux-là il ne faut absolument pas les opérer, prévient l'urologue, car quoique vous fassiez ce ne sera jamais assez. Ici la solution c'est plutôt le psychiatre pas le chirurgien."
- Soit l'homme présente un micropénis c'est-à-dire une verge anormalement petite selon les moyennes indiquées plus haut et dans ce cas il faut se tourner vers un chirurgien. Son avis est prépondérant.
Quand peut-on se faire opérer ?
Il n'y a pas de critères stricts déterminant si oui ou non, un homme peut avoir recours à une intervention chirurgicale s'il estime avoir un pénis trop petit. 90% de ces opérations sont réalisées par les chirurgiens plasticiens (10% par les urologues). Avant d'envisager une telle opération, le Dr Antoine Faix insiste sur l'importance d'une évaluation psychologique. Surtout pour les hommes qui ont une verge dont la mesure est dans la normale. Pour eux, "il faut tout faire pour éviter d'opérer" estime-t-il. "Les opérations sont assez décevantes, on gagne 1 voire 2 centimètres parfois 3 au repos si on est chanceux (la chirurgie n'influe pas sur la taille en érection). Ce n'est pas comme la chirurgie des seins chez la femme, la chirurgie du pénis est assez limitée, l'homme doit comprendre que ça sera un petit plus mais pas un gros (diamètre) plus sinon il sera déçu." Comme indiqué plus haut, des urologues français dont le Dr Antoine Faix ont indiqué en 2013 qu'une longueur du pénis en traction inférieure à 9,5 cm ou 10 cm en érection pouvait être considérée comme une limite acceptable, chez un homme qui en souffre, pour envisager l'opération.
Se faire opérer pour avoir plus le plaisir sexuel est-ce une bonne raison ?
Non. Se faire opérer pour avoir un pénis plus grand afin d'améliorer sa sexualité n'est pas une bonne raison car le résultat ne sera pas à la hauteur des attentes. Comme nous l'explique le Dr Faix, "si c'est uniquement pour la sexualité, c'est là où la chirurgie est la plus mauvaise car ça ne changera pas grand chose sur la taille en érection". Le fait d'avoir un pénis un peu plus petit que la moyenne n'est pas nécessairement un frein à l'épanouissement sexuel, rassure l'urologue. "Il y a des hommes qui ont une verge relativement petite et ne viennent pas consulter car ils vont très bien. On parle de la taille du pénis mais on ne parle jamais de la taille du vagin et pourtant c'est pareil. Il y a des vagins plus ou moins larges, plus ou moins élastiques. Il y a des femmes qui préfèrent les verges plus petites parce que sinon ça leur fait mal. Il y a un minimum et un maximum mais ce n'est pas le même pour toutes les femmes. L'important est de trouver chaussure à son pied."
Merci au Dr Antoine Faix, urologue, andrologue et sexologue.
Source : Chirurgie cosmétique de l'appareil génital masculine, Association française d'urologie (AFU), 5 juillet 2013.