Fatigue décisionnelle : pourquoi faire des choix en permanence est épuisant ?
Vous vous sentez fatigué à l'idée de devoir faire des choix ? Vous souffrez peut-être de fatigue décisionnelle.
Dans quel ordre répondre à ses mails ? Quel dossier traiter en priorité ? Est-ce une bonne idée de déménager ? De changer de travail ? Que préparer à dîner ? Où partir pour les prochaines vacances ? Tout au long de la journée, des décisions plus ou moins importantes et complexes s'imposent à nous. Au travail d'abord, et ensuite à la maison avec les sollicitations de notre conjoint et de nos enfants. Face à un trop plein de décisions prises et à prendre, il est possible de développer ce que l'on appelle une fatigue "décisionnelle".
La fatigue décisionnelle correspond à un état d'épuisement mental qui se produit à une période donnée où l'individu a eu un excès de décisions à prendre. "Ce n'est pas tellement la fatigue qui rend les décisions difficiles à prendre et qui génère un état d'épuisement mais le fait qu'il y ait eu une accumulation de décisions à prendre", pose d'emblée Pierre-Antoine Gillouin, psychologue clinicien. La fatigue décisionnelle s'explique par le fait que les personnes sont constamment en train de mobiliser des ressources pour évaluer les options, poser des conséquences et faire des choix.
"Plus ces décisions s'enchaînent, plus l'effort mental s'accumule et plus les ressources diminuent. Résultat, on prend des décisions de manière plus impulsive et on a tendance à procrastiner pour éviter la surcharge cognitive dans l'instant présent. Cela provoque de l'irritabilité, du stress et une baisse de performance", détaille le psychologue clinicien. Quant aux recherches en neurosciences, les travaux de Danziger réalisés en 2011 ont montré que l'activité diminuait au niveau du cortex préfrontal après une longue période de décisions. Or initier, maintenir, et finir une action sont autant de tâches qui sont gérées par le cortex préfrontal. C'est ce qui explique les difficultés à prendre des décisions.
Plusieurs stratégies peuvent être mises en place pour lutter contre la fatigue décisionnelle. En premier lieu, simplifier les décisions quotidiennes en réduisant les choix non essentiels. La priorisation et la planification des tâches est également primordiale. "En pratique, il est préférable de planifier les actions les plus importantes en début de journée quand l'énergie est à son maximum", conseille le spécialiste. La pratique de la pleine conscience peut permettre de remobiliser le cortex préfrontal, tout comme la nutrition et l'hydratation. Enfin, déléguer certaines tâches et automatiser celles qui sont répétitives représente une piste intéressante pour réduire l'activité cognitive. Si la fatigue persiste malgré tout, il est préférable de consulter un professionnel de santé.
Merci à Pierre-Antoine Gillouin, psychologue clinicien.