Pourquoi certaines personnes voient toujours le verre à moitié vide ?

Il est d'usage de distinguer deux grandes catégories de personnes : celles qui voient toujours le verre à moitié-vide (ce sont les pessimistes), et celles qui voient toujours le verre à moitié-plein (ce sont les optimistes). Nous nous intéresserons ici à la première d'entre elles. On connaît tous une personne d'un pessimisme à toute épreuve. Pour elle, rien ne va, rien n'est jamais assez. D'où vient ce mode de fonctionnement, souvent pesant pour l'entourage ? Les réponses de Pascal Anger, psychologue à Paris. 

Voir le verre à moitié-vide est une caractéristique propre au pessimisme. Le pessimiste prend la vie du mauvais côté et ne trouve jamais aucune raison de se réjouir. Il a une vision négative du monde et de lui-même, tout est prétexte à se plaindre et à broyer du noir. "Le pessimiste se limite à tous les niveaux parce qu'il se sent à chaque fois dans une impasse et qu'il ne peut pas en sortir. Il a peur du passé et de l'avenir, et a du mal à voir comment le présent pourrait être positif pour lui" décrit notre interlocuteur. Ce trait de personnalité est souvent lié à la façon dont on a été éduqué.

En effet, si nos parents n'ont cessé de nous répéter qu'on était "nul en maths", "bon à rien", "jamais content", "fainéant", et qu'on pouvait "mieux faire", on a intégré ces phrases négatives qui sont devenues de véritables croyances. Puisque nos parents, qui sont censés nous aimer, nous protéger et vouloir le meilleur pour nous pensent cela de nous, c'est que cela doit être vrai. "De la même manière, les parents eux-mêmes ont souvent cette tendance à voir le verre à moitié-vide et transmettent cette vision de la vie à leur progéniture", complète le psychologue. 

Dans ce contexte, il est très compliqué de se déconditionner une fois adulte. Ce pessimisme est parfois tellement ancré chez l'individu qu'il peut le faire sombrer dans la dépression. Comme il n'a pas confiance en lui, il va à chaque fois aller vers du négatif. "Il existe aussi très certainement des bénéfices secondaires inconscients au fait de voir le verre à moitié-vide. En effet, le pessimisme est un moyen de se faire plaindre et d'attirer l'attention", remarque-t-il.

Ceci étant dit, il n'y a pas de fatalité. Pour s'affranchir de son pessimisme, Pascal Anger suggère d'apprendre à déceler l'opportunité cachée derrière chaque épreuve. "L'important, c'est de donner du sens à ce qui nous arrive, d'essayer d'en tirer des bénéfices et de ne surtout pas tomber dans le piège d'aller vers des phrases assassines comme "j'ai tout raté dans ma vie", "je suis nul", qui vont nous empêcher d'aller vers du positif. Si cela n'est pas suffisant, des thérapies brèves comme les thérapies comportementales et cognitives (TCC) peuvent aider à changer de regard sur les événements", suggère enfin le spécialiste.