Ces symptômes sont typiques d'une personne atteinte de schizophrénie
Difficultés à se concentrer, à mémoriser, à s'organiser ou à comprendre les émotions d'autrui... La schizophrénie n'est pas facile à diagnostiquer tant ses symptômes sont variés.
La schizophrénie fait partie des troubles psychotiques. C'est une maladie plus répandue qu'on ne le pense puisqu'elle touche environ 660 000 personnes en France* mais elle reste méconnue. Elle se caractérise par une perte de contact avec la réalité et une perte de cohérence chez la personne atteinte. Le trouble apparaît généralement entre 15 et 25 ans et a un impact sur la capacité à gérer le quotidien. Plusieurs facteurs peuvent favoriser l'apparition de la schizophrénie. Tout d'abord des facteurs génétiques, les personnes n'héritent pas de la maladie en tant que telle, mais d'une vulnérabilité plus importante que la population générale. Cette vulnérabilité peut ensuite être révélée par des facteurs de stress. "En l'absence de facteurs de stress, cette vulnérabilité a beaucoup moins de risque de s'exprimer" nous explique le Pr Nicolas Franck, médecin psychiatre. Parmi les facteurs de stress on retrouve le fait de ne pas dormir, de devoir gérer beaucoup d'émotions ou encore la consommation de cannabis. L'édition 2024 des Journées de la schizophrénie se déroule du 18 au 22 mars. L'occasion de faire le point sur les symptômes de cette maladie associée à plusieurs idées fausses.
Les symptômes qui doivent alerter
On observe trois catégories de symptômes de la schizophrénie :
- La dimension positive : parmi les symptômes qui touchent le ressenti et la pensée on retrouve les hallucinations verbales (le fait d'entendre des voix alors que personne ne parle), les hallucinations cénesthésiques (sensations corporelles imaginaires), l'impression que ses propres actions sont contrôlées par une force extérieure, des pensées imposées par une force extérieures, une impression que les autres lisent ou dérobent ses pensées, ainsi que des idées délirantes.
- La dimension négative : elle est caractérisée par un manque d'énergie, une incapacité à entreprendre des actions, une incapacité à ressentir du plaisir, une perte de la capacité à prendre des initiatives, ainsi qu'une impossibilité à prendre soin de soi.
- La désorganisation : altération de la capacité à structurer ses actions, le contenu de sa pensée et son discours en direction d'un but et en tenant compte du contexte, un langage peu ou pas compréhensible, l'emploi de termes inappropriés ou inventés, des arrêts brutaux du discours ainsi qu'un comportement ou un langage décalé.
A savoir qu'il n'y a pas de profil type quant aux personnes ayant une schizophrène. Deux personnes diagnostiquées peuvent aussi n'avoir aucun symptôme en commun. "Certaines personnes sont plutôt délirantes et hallucinées alors que d'autres n'ont ni délire ni hallucination mais sont désorganisées. Le diagnostic ne repose sur aucun critère objectif mais sur l'association de symptômes évocateurs et leur retentissement" explique le Pr Nicolas Franck, psychiatre. La schizophrénie peut entraîner des difficultés pour affronter le quotidien car ses symptômes sont souvent associés à des difficultés à se concentrer, à mémoriser, à s'organiser ou à comprendre les émotions d'autrui. "Les psychiatres doivent encourager toutes les personnes ayant des manifestations psychiatriques persistantes à consulter pour dépister des signes évocateurs de schizophrénie et ainsi pouvoir mettre les personnes vulnérables dans des conditions protectrices" ajoute l'expert.
Peut-on en guérir ?
Malgré ces symptômes contraignants, un rétablissement est possible. "C'est important d'y croire, partage le Pr Nicolas Franck. On a l'impression que la schizophrénie est quelque chose d'extrêmement sévère dont les gens ne vont pas se remettre. Or c'est faux. Il faut prendre conscience que toute personne atteinte de schizophrénie peut aller vers le rétablissement." La durée pour atteindre ce rétablissement diffère d'une personne à l'autre, elle est impossible à prévoir. Le rétablissement n'est pas non plus la guérison, la personne atteinte va plutôt apprendre à faire avec ses symptômes pour trouver un équilibre et un mode de vie qui lui conviennent. Notre expert insiste sur la nécessité d'une société inclusive pour le bien-être de ces personnes : "En devenant plus tolérants, on va non seulement permettre à ces gens d'être heureux et de se rétablir, mais aussi éviter de se priver de leurs qualités."
*Chiffre donné par l'Organisation PositiveMinders
Merci au Pr Nicolas Franck, médecin psychiatre, Chef du pôle Centre rive gauche au Vinatier - Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole et auteur de "La schizophrénie, la reconnaître et la soigner" et, avec Frederic Haesebaert : "Protéger sa santé mentale après la crise" aux éditions Odile Jacob.