Comment soigner un TOC de vérification au travail ?
Peur de laisser une erreur dans un dossier, peur de ne pas avoir envoyer un mail... Les TOC de vérification au travail sont des rituels répétitifs parfois très handicapants au quotidien et qui peuvent mener à l'exclusion sociale.
Qu'appelle-t-on un TOC de vérification ?
Selon la définition de l'Inserm, le trouble obsessionnel compulsif (TOC) se caractérise par la présence d'obsessions et/ou de compulsions. La personne qui en souffre peut être envahie par des pensées récurrentes et angoissantes (des obsessions) centrées par exemple sur la propreté, l'ordre, la symétrie, la peur de faire une erreur, celle de commettre des actes impulsifs violents ou agressifs, ou encore par un sentiment excessif de responsabilité vis-à-vis de la sécurité d'autrui. Pour prévenir ou réduire leur anxiété, les personnes concernées effectuent des gestes ou actes mentaux répétés (des compulsions) comme des rituels de rangement, de lavage ou de vérification. Il s'agit d'une véritable maladie, parfois très handicapante au quotidien, qui peut même empêcher d'avoir une vie sociale ou professionnelle normale.
Exemples de TOC de vérification
- Vérifier qu'une porte ou une fenêtre est bien fermée
- Vérifier qu'on n'a pas fait d'erreur dans un dossier
- S'assurer qu'une lumière est éteinte
- S'assurer qu'un équipement est bien mis en sécurité
- S'assurer que le robinet est bien fermé
- S'assurer que la plaque du cuisson est bien éteinte...
Comment se manifeste un toc de vérification au travail ?
Cela entraine une perte importante de temps et d'énergie
Le TOC de vérification peut avoir un impact significatif sur la vie professionnelle, affectant la productivité et le bien-être d'une personne. "Ce trouble anxieux se traduit par des pensées obsessionnelles récurrentes poussant une personne à effectuer des vérifications excessives vis-à -vis d'une tâche et cela, même lorsque cette dernière est déjà résolue", précise Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste et psychothérapeute. Dans le contexte du travail, il peut être particulièrement handicapant, interférant avec les tâches quotidiennes et générant un niveau élevé de stress". Et entraînant une perte importante de temps et d'énergie.
Concrètement, cela peut se manifester de plusieurs façons :
► Si le TOC de vérification implique la peur de commettre des erreurs, une personne peut passer un temps excessif à vérifier et revérifier des documents, des rapports ou des courriels avant de les soumettre. Cela allonge significativement le temps de réalisation des tâches.
► Les obsessions liées à la vérification constante peuvent rendre difficile la concentration sur les tâches professionnelles.
► Un individu atteint d'un TOC de vérification peut ressentir le besoin de vérifier fréquemment des éléments spécifiques dans son environnement de travail, tels que la fermeture des fenêtres, l'extinction des lumières, ou la sécurité des équipements.
► Les comportements compulsifs peuvent conduire à l'isolement social au travail, car la personne peut éviter les interactions avec les collègues pour se consacrer à ses rituels de vérification.
Quelle est la cause ?
Les causes des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ne sont pas entièrement élucidées. Selon l'Inserm, les études réalisées sur des familles de patients qui souffrent de TOC ont montré cependant l'influence de facteurs génétiques dans l'émergence de la maladie, même si leur rôle reste mal défini. Le caractère héréditaire est globalement estimée à 27-49%, et ce chiffre monte à 65% chez les personnes dont les symptômes surviennent lors de l'enfance ou l'adolescence. Plusieurs gènes semblent impliqués, liés aux systèmes de neurotransmission sérotoninergique, glutamatergique et dopaminergique. Plus récemment, des données génétiques ont ajouté à la liste les systèmes cholinergiques, ainsi que ceux qui mettent en jeu des opioïdes endogènes, le GABA (acide γ‑aminobutyrique) ou encore la substance P.
Quelles sont les solutions pour s'en défaire ?
Le traitement d'un TOC de vérification, y compris au travail, peut impliquer une approche multidimensionnelle. Surmonter le TOC de vérification au travail demande de la persévérance et souvent l'aide de professionnels. En adoptant des stratégies spécifiques et en développant une compréhension approfondie du trouble, il est possible de retrouver une vie professionnelle épanouissante :
► La prise de conscience est la première étape. "Reconnaître que le comportement est excessif et nuisible est crucial. Il peut être utile de tenir un journal pour noter les moments de vérification excessive afin de mieux percevoir les schémas de pensée".
► Consulter un professionnel de la santé mentale, comme un psychologue ou un psychiatre, peut fournir un soutien essentiel. "Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) se sont révélées efficaces pour traiter le trouble en question et peuvent être adaptées spécifiquement au contexte professionnel".
► Etablir des limites. "Définir des limites de temps pour chaque tâche et s'y tenir peut aider à prévenir le TOC. Utiliser des rappels visuels ou des minuteries peut être un moyen efficace de signaler la fin d'une tâche sans succomber à la tentation de vérifier continuellement".
► Hiérarchiser les tâches en fonction de leur importance, ce qui peut aider à concentrer l'énergie sur ce qui est réellement nécessaire. Éviter de se perdre dans les détails mineurs peut réduire l'incidence du TOC de vérification.
► Les techniques de relaxation, telles que la respiration profonde, la méditation ou le yoga, peuvent aider à réduire l'anxiété associée au TOC. Ces pratiques peuvent être mises en œuvre pendant les pauses au travail pour favoriser un état d'esprit calme.
►Partager ses défis avec des collègues de confiance ou un supérieur peut contribuer à créer un environnement de travail compréhensif et jouer un rôle clé dans la gestion du TOC au travail.
Merci à Rodolphe Oppenheimer, psychothérapeute, psychanalyste et enseignant en TCC à Clichy (92), auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier, "Guérir de ses angoisses avec la thérapie par téléphone , aux Editions Odile Jacob (www.psy-92.net).