Empathie : définition, signes, comment en avoir ?
En psychologie, l'empathie désigne la capacité de se mettre à la place de l'autre afin de percevoir ce qu'il ressent. Est-ce une qualité ou un défaut ? Et comment faire preuve d'empathie ? Éclairage avec Mariette Strub-Delain, psychologue du travail, et Anne Landry, psychanalyste spécialiste de l'hypersensibilité empathique.
Définition : c'est quoi l'empathie ?
Le mot empathie vient du latin in, "en" ou "dans", et du grec pathos, "ce qu'on éprouve" ou "souffrance". "Elle se définit comme la faculté de percevoir et de comprendre ce que ressent l'autre, son état émotionnel (empathie affective) ou son point de vue, ses croyances, ses intentions (empathie cognitive) et ce, tout en conservant sa propre intégrité psychologique" définit Mariette Strub-Delain, psychologue Il s'agit donc d'entrer en résonance avec l'autre sans pour autant se mettre à sa place. Il existe deux niveaux d'empathies : l'affective et la cognitive mais aussi l'empathie primale. "Elle se manifeste parfois sous forme de contagion émotionnelle c'est-à-dire lorsque nous observons une personne et que nous réagissons sur un mode largement involontaire en imitant, sans en avoir conscience, les postures, les expressions faciales ou les autres comportements de cette dernière. Nous avons tous vécu cela, lorsque l'on regarde une personne qui mange et que par mimétisme, on reproduit les mêmes mouvements de la bouche" explique la psychologue.
Quels sont les signes d'une personne empathique ?
Les personnes empathiques possèdent des qualités et des compétences qui leur sont propres. Elles ont souvent une bonne estime d'elles mais sont aussi observatrices et curieuses de l'autre. "Être capable d'accueillir l'autre inconditionnellement, pratiquer l'écoute active, réguler ses émotions et avoir de l'imagination sont d'autres indicateurs" souligne Mariette Strub-Delain. Les personnes empathiques ont aussi une capacité d'écoute développée. "Elles vont avoir le bon mot et le bon geste. Elles ont une intelligence émotionnelle et sociale et sont concernées par ce qui se passe dans le monde et dans leur entourage" précise Anne Landry, psychanalyste. "Lorsqu'une personne va manifester une forte émotion, les personnes empathiques vont montrer qu'elles comprennent et faire comprendre à la personne qu'elle n'est pas toute seule. Elles vont manifester leur intérêt par le regard ou le geste et interagir avec l'autre. Elle ont aussi besoin de s'engager". Ainsi, on les retrouve dans des branches de métiers spécifiques : les professions où elles accompagnent, où elles s'engagent et dans les métiers en contact avec les animaux. "On retrouve, par exemple, beaucoup d'empathie chez les infirmières qui donnent beaucoup de leur personne et qui sont très disponibles mais aussi chez les psychothérapeutes et chez les psychologues. Sans oublier les artistes et les personnes dont le métier est lié à la défense d'une cause telle que l'enfance, les femmes ou l'écologie" analyse la psychanalyste.
L'empathie est-elle une qualité ou un défaut ?
Tout est une question de mesure ! Dans cette optique, l'empathie n'est donc ni un défaut, ni une qualité. Ainsi, avoir trop peu ou pas d'empathie peut devenir problématique. L'empathie "juste" est celle qui nous fait rentrer en résonance avec l'autre. L'empathie est donc essentielle car "elle permet de connaître et comprendre l'autre, de mieux se connaître, d'éviter les suppositions et les opinion erronées, d'augmenter son niveau de tolérance et de nouer des relation plus harmonieuses avec autrui" souligne la psychologue. Elle favorise aussi les comportements tels que l'entraide et le partage. "Pouvoir se mettre à la place de l'autre et se dire "je n'aimerais pas subir cela, je ne vais pas le lui infliger" et agir envers les autres tel que l'on aimerait qu'on le fasse avec soi contribue à la survie de l'espèce et à la cohésion dans le groupe" poursuit Mariette Strub-Delain. Cependant, il est nécessaire de maintenir une distance entre ce que l'autre éprouve ou pense et ce que nous éprouvons. "S'il y a confusion entre moi et l'autre, je peux être embarqué par son émotion. On parlera alors de contagion émotionnelle. Cet embarquement peut conduire à un burn-out (c'est-à-dire à un épuisement) qui affecte notamment le personnel soignant dans les hôpitaux" prévient la psychologue. Le risque est alors de surinterpréter ou de mal interpréter ce que pense l'autre, ce qui peut déboucher sur des malentendus voire des tensions ou des conflits.
"Chaque soir avant de vous coucher, passez votre journée en revue et notez les trois actions dont vous êtes fière, et cela pendant 21 jours"
Comment faire preuve d'empathie ?
Bonne nouvelle ! L'empathie s'apprend. Plus exactement, elle se travaille. "Elle se construit dans l'enfance mais il est toujours possible de la développer et de la cultiver" explique la psychologue. Pour faire preuve d'empathie (ou l'améliorer), il "suffit" de cultiver les qualités et compétences précédemment évoquées telles que l'écoute, la capacité à accueillir l'autre et le renforcement de l'estime de soi. "Pour renforcer l'estime de soi, il est possible de pratiquer des exercices comme celui "des fiertés" explique la psychologue. "Chaque soir avant de vous coucher, passez votre journée en revue et notez les trois actions dont vous êtes fière, et cela pendant 21 jours afin d'ancrer cette habitude" conseille Mariette Strub Delain. Pour la spécialiste, pratiquer la CNV, c'est-à-dire la communication non violente, est une autre piste. "Il s'agit de l'expression authentique de l'écoute empathique qui permet de discerner ce que l'on ressent, son besoin et d'entendre et de reformuler les émotions et les besoins de son interlocuteur" détaille la psychologue. Enfin, pour développer son empathie, s'intéresser aux autres est essentiel. "Si vous avez l'occasion de croiser le chemin d'inconnus, pourquoi ne pas entrer en contact et chercher à faire connaissance. Posez-leur des questions pour les découvrir, les comprendre. Je vous garantis de belles rencontres et de belles surprises".
Merci à Mariette Strub-Delain, psychologue et à Anne Landry, psychanalyste.