Dépression mélancolique : symptômes, comment guérir ?
Cette dépression sévère touche des personnes qui ont du mal à s'inscrire dans la vie et à se projeter dans quelque chose de bon.
Loin d'être un simple coup de blues comme beaucoup l'imaginent, la mélancolie est une véritable maladie qui peut mener celui qui en souffre jusqu'au suicide. "La mélancolie est une maladie dans la mesure où elle constitue une forme grave de dépression qui s'inscrit dans un type de personnalité dit psychotique, c'est-à-dire un fonctionnement qui tend à une dépressivité permanente, et dans lequel le lien avec la réalité est souvent altéré", explique le Dr Véronica Olivieri-Daniel, psychologue clinicienne et psychanalyste.
Quels sont les symptômes ?
Une personne atteinte de dépression mélancolique est dans un état de grande souffrance psychologique, entrainant un dégout généralisé de l'existence. "La mélancolie est une sorte d'annihilation, de perte absolue et totale d'envie de vivre, d'incapacité à imaginer autre chose que des situations morbides, douloureuses, catastrophiques". Les symptômes les plus révélateurs sont :
- une perte majeure de l'élan vital,
- l'absence de réaction aux stimulations agréables,
- un laisser-aller important avec anorexie et amaigrissement,
- une culpabilisation importante,
- une humeur dépressive marquée.
La mélancolie peut engendrer, en cas d'évolution chronique, une diminution des capacités intellectuelles, voire même pousser au suicide. "Dans les états mélancoliques, un désespoir total, l'impossibilité de croire à la guérison, des idées délirantes de catastrophe, de fin de vie ou de fin du monde surviennent", ajoute le Dr Véronica Olivieri-Daniel. "Ce n'est pas l'expression symptomatique qui détermine une pathologie, c'est son fond. Autrement dit, on peut être gravement mélancolique sans jamais pleurer", précise notre interlocutrice.
Des symptômes exacerbés dans la mélancolie "délirante"
On parle de "mélancolie délirante" ou "mélancolie anxieuse", se caractérise par une anxiété débordante, une agitation accrue, une perte de l'estime de soi, un profond désespoir, une culpabilité intense et des pensées suicidaires. Dans cette forme de mélancolie, tous les signes de la maladie sont exacerbés, elle est donc plus grave que sa forme classique.
Souvent associé au trouble bipolaire
La mélancolie s'inscrit relativement souvent dans un trouble bipolaire. "Concrètement, le trouble bipolaire se caractérise par une alternance entre des épisodes dépressifs majeurs, et des épisodes maniaques, c'est-à-dire d'agitation, d'excitation, d'accélération générale de la pensée des actions menées, d'impossibilité de se poser, de réfléchir, de dormir voire parfois même de manger. La mélancolie n'est pas toujours en alternance avec ces épisodes maniaques mais cela est fréquent car, quand un patient est mélancolique ou très gravement déprimé, les dosages forts d'antidépresseurs peuvent faire basculer dans des états opposés de manie", explique le Dr Véronica Olivieri-Daniel.
Quelle est la cause de la dépression mélancolique ?
La mélancolie survient souvent à la suite d'un événement traumatique. Mais la plupart du temps, la maladie était déjà préexistante, et l'événement en question a permis de la révéler.
Quand et qui consulter ?
La dépression mélancolique nécessite une prise en charge rapide, dès les premiers symptômes, afin de favoriser les chances de guérison. Dès lors que la dévalorisation de soi, le découragement, la perte d'intérêt pour soi et les autres, l'incapacité à se projeter, la tristesse, l'agitation et autres signes caractéristiques de la mélancolie entravent les activités du quotidien, il est nécessaire de consulter un psychiatre.
Comment est posé le diagnostic ?
"La mélancolie ne passe jamais inaperçue, mais il n'existe pas de diagnostic à proprement parler. Cette dépression sévère s'inscrit au sein d'une personnalité qui fait des épisodes dépressifs à répétition, qui a toujours eu un fonctionnement de type dépressivité, et qui a du mal à s'inscrire dans la vie, à se projeter dans quelque chose de bon, indique le Dr Véronica Olivieri-Daniel. On ne devient pas mélancolique du jour au lendemain, cela s'inscrit dans un tableau complexe de dépression majeure, associée à une personnalité définie comme borderline ou psychotique".
Quels sont les traitements ?
Cette forme de dépression nécessite une hospitalisation en urgence et la mise en place d'un traitement antidépresseur. Dans certaines formes de mélancolie, notamment celles avec un versant délirant ou un phénomène de stupeur avec immobilité et mutisme, un traitement appelé sismothérapie ou électroconvulsivothérapie utilisant des stimulations électriques délivrées sur le crâne peut être envisagé en urgence.
Merci au Dr Véronica Olivieri-Daniel, psychologue clinicienne et psychanalyste.