Peur de conduire : seul, causes, solutions pour la vaincre
L'amaxophobie est la peur de conduire une voiture. Elle se manifeste par une grande anxiété au moment de prendre le volant, seul ou accompagné, la nuit, le jour, sur l'autoroute, après un accident... Quelles sont les causes ? Les signes ? Les solutions pour la vaincre ? Conseils de Bruno Vibert, psychothérapeute.
La peur de conduire peut concerner les conducteurs novices ou expérimentés. Elle se manifeste par un pic de stress au moment de prendre le volant. Comment l'expliquer ? Quels sont les signes d'une telle peur ? Les solutions pour la vaincre ? L'hypnose est-elle indiquée ? Conseils de Bruno Vibert, psychothérapeute.
Définition : quel est le nom de la peur de conduire ?
Lorsqu'elle est très envahissante au quotidien, la peur de conduire est désignée par le terme "amaxophobie". Ce mot est composé du terme grec "amaxo" qui signifie "véhicule" et "phobia" qui signifie "peur". Il s'agit de la peur de se retrouver au volant d'une voiture, voire même d'être passager. L'amaxophobie est une peur irrationnelle et difficilement contrôlable. Pour les personnes amaxophobes, "la route représente une ennemie qui peut leur faire du mal, illustre Bruno Vibert. Ces personnes ne portent plus de valeur au fait qu'elles ont obtenu leur permis de conduire et qu'elles ont été jugées parfaitement compétentes pour prendre le volant et maîtriser un véhicule". Cette peur peut être légère ou très envahissante. "Parfois, la personne est dans l'incapacité totale de conduire" précise-t-il. Néanmoins, il s'agit d'une peur totalement légitime car la route représente des risques potentiellement mortels. "Avoir conscience du danger, c'est bien et sain. Le problème se pose lorsque la peur devient handicapante et trop lourde à gérer, souligne notre interlocuteur. Heureusement, il y a des solutions."
Signes : comment se manifeste la peur de conduire ?
La peur de conduire se manifeste par une émotion forte qui est variable en fonction de son expérience avec la route et de ses compétences en matière de conduite. Ces signes peuvent survenir différemment selon le contexte et sont exacerbés dans certaines situations comme par exemple le fait de caler à un feu, dans un bouchon, au moment de faire un créneau, dans un rond-point, sur une autoroute, si on est devant une voiture pressante et un conducteur impatient... La peur de conduire peut se traduire par :
- Des pics de stress (tremblements, sueur, boule au ventre, accélération du rythme cardiaque, difficultés à respirer...)
- Un manque de concentration et de vigilance
- Des états de panique ou des crises d'angoisse avant de prendre le volant, ou pendant la conduite
- La mise en place de stratégies d'évitement (la personne renonce à tout prix à conduire en inventant des prétextes ou des stratagèmes)
Quelles sont les causes d'une peur de conduire ?
Plusieurs éléments peuvent expliquer la peur de conduire :
- Le manque de confiance en soi qui entraîne une peur de faire une erreur de conduite ou une peur de créer un accident de la route. Si on a peur même en étant passager, cela peut provenir d'un manque de confiance envers les autres.
- Des problèmes relationnels ou de communication. "La peur de la conduite peut, pour certains, s'imposer comme une incapacité à communiquer avec les autres usagers et à se faire comprendre sur la route", précise le psychothérapeute.
- Le souvenir d'un accident de voiture qu'on a vécu ou auquel on a assisté, ce qui peut entraîner un stress post-traumatique. Le stress post-traumatique peut également survenir par transfert si l'accident a concerné un proche.
- Une agoraphobie (peur des lieux d'où il serait difficile ou gênant de s'échapper ou d'être secouru). La personne anticipe un éventuel malaise ou accident (notamment dans un tunnel, sur un pont, sur l'autoroute) et panique d'avance face à cette idée.
Qui sont les profils les plus à risque ?
Sont plus à risque de manifester une peur de la conduite :
- Les personnes dont l'apprentissage de la conduite ne s'est pas fait dans un environnement de confiance (si on ne s'est pas senti à l'aise avec son moniteur d'auto-école ou avec un proche lors d'une conduite accompagnée par exemple).
- Les personnes qui ont vécu un accident de la route et qui ont ensuite développé un stress post-traumatique.
- Les personnes qui n'ont pas conduit depuis longtemps (après une maladie chronique par exemple...) et qui ont perdu l'habitude de conduire.
- Les personnes qui ont raté plusieurs fois le permis.
- Les personnes âgées qui se sentent diminuées et qui perdent confiance en elles au volant.
- Les personnes qui viennent d'avoir le permis et/ou qui manquent de pratique.
- Les personnes de nature très anxieuse.
- Les personnes qui ont l'habitude de tout faire à pied et qui ne sont pas à l'aise avec la multiplication de la vitesse, très éloignée de celle du mode de déplacement naturel (un humain marche en moyenne à 4 km/h).
Quelles sont les solutions pour vaincre sa peur ?
► Reprendre quelques heures de conduite avec un moniteur pour reprendre confiance en soi et davantage maîtriser le véhicule.
► Choisir ses horaires. On évitera dans la mesure du possible de conduire pendant les heures de pointe. Si on n'est pas totalement à l'aise, on part un peu en avance et on adapte son itinéraire si on veut éviter certaines zones stressantes (autoroutes, petites routes de campagne ou de montagne, zones commerciales, grandes métropoles...). On peut également éviter de conduire la nuit ou en cas de mauvais temps (fortes pluies, brouillard, neige, vent), lorsque la visibilité est réduite.
► Comprendre l'origine de sa peur avec une psychothérapie analytique (une à deux séances par semaine) qui est particulièrement indiquée lorsqu'un problème rend le quotidien difficile. On peut également opter pour une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) qui est plutôt une psychothérapie par l'action. "On va être à l'écoute de ses ressentis, exprimer ses peurs, se fixer progressivement des objectifs et en débriefer avec le psy par la suite", précise notre interlocuteur. Si la peur est liée à un accident de voiture, "la thérapie consistera à raconter ce qu'il s'est passé (par oral ou par écrit). Il est toujours préférable d'en parler immédiatement après l'accident et avant un premier sommeil car le cerveau enregistre et cristallise la peur et les angoisses lorsqu'on est endormi", prévient le spécialiste.
► Travailler sur sa respiration avant, pendant et après la session de conduite. "La cohérence cardiaque est une technique de relaxation qui nous apprend à ralentir notre rythme cardiaque. Des applications peuvent nous y aider comme par exemple RespiRelax+. Les premiers résultats sont visibles au bout de 3 semaines. Il est conseillé de pratiquer des exercices de cohérence cardiaque au lever, au coucher et à 16h, l'heure où l'organisme sécrète le plus de cortisol (l'hormone du stress)", explique notre expert.
► Faire des séances d'hypnose qui apporteront une solution progressive. Cela va permettre de comprendre l'origine de la peur et de trouver peu à peu des astuces pour ne pas se laisser envahir par la panique. Les séances de sophrologie permettent également de mieux gérer les manifestations physiques et psychologiques du stress lié à la peur de conduire.
Il faut absolument éviter de conduire avec des personnes négatives
► Conduire dans un environnement confortable et non anxiogène. "Il ne faut pas hésiter à mettre une musique qui nous déstresse, avoir une voiture bien rangée, confortable, et à diffuser une odeur agréable. Les odeurs, ça nous influencent beaucoup. Cela peut renforcer notre stress comme nous apaiser. On peut également demander à se faire accompagner pour éviter de faire des trajets seul(e). Et surtout, il faut absolument éviter de conduire en présence de personnes négatives, qui nous stressent ou qui critiquent notre façon de rouler", conseille Bruno Vibert. On peut également se faciliter la tâche en choisissant une voiture à vitesse automatique, si on a peur de caler. Utiliser un GPS permet également de se rassurer si on ne connaît pas la route. Enfin, si on est en train d'apprendre à conduire dans une auto-école, on n'hésite pas à demander des leçons avec un moniteur en particulier, pour se sentir tout de suite à l'aise et ne pas laisser installer une anxiété.
Merci à Bruno Vibert, psychothérapeute.