Que ressent-on juste avant de mourir ? Des scientifiques ont la réponse.

Des chercheurs américains ont observé des poussées d'activité cérébrale chez des patients mourants. Cela signifierait qu'on pourrait, juste avant de mourir, entendre ou ressentir des sensations extérieures.

Que ressent-on juste avant de mourir ? Des scientifiques ont la réponse.
© inkoly - 123RF

Les témoignages d'expériences de mort imminente (EMI) apportaient déjà un début d'explication. Mais des études menées par des scientifiques de l'Université du Michigan aux Etats-Unis, dont les résultats ont été publiés dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences  (PNAS) le 1er mai 2023, sont allées plus loin. Ils ont étudié de manière très détaillée (et pour la première fois chez des humains) le mécanisme biologique du cerveau juste avant de mourir chez des patients dans le coma suite à un arrêt cardiaque mais maintenus sous assistance ventilatoire. Grâce à l'analyse des signaux d'électrocardiogramme et d'électroencéphalogramme (EEG) de 4 personnes avant et après le débranchement de l'assistance respiratoire, les chercheurs ont pu observer plusieurs mécanismes inattendus chez deux des personnes (une femme de 24 ans et une autre de 77 ans) juste avant de mourir :

Une accélération du rythme cardiaque.

Des poussées de connectivité fonctionnelle, autrement dit, l'activité cérébrale a montré un pic d'ondes gamma, à un niveau de fréquence correspondant à un état de conscience.

La partie du cerveau la plus stimulée était le carrefour temporo-pariéto-occipital (ou la jonction temporo-pariétale, voir sur le schéma ci-dessous), une zone située à la jonction entre le lobe temporal, le lobe pariétal et le lobe occipital, c'est-à-dire au-dessus et en arrière de chaque oreille, qui est normalement associée à l'éveil ou à la mémorisation des rêves. Cela signifierait "que le patient voit quelque chose, peut entendre quelque chose et peut potentiellement ressentir des sensations extérieures à son corps", interprète Jimo Borjigin, auteure principale de l'étude. Un phénomène similaire a d'ailleurs été observé sur un cerveau sain pendant l'éveil et le rêve chez des patients qui ont eu des hallucinations visuelles et des expériences de hors-corps (EMI), peut-on lire dans l'étude.

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Carrefour temporo-pariéto-occipital © Droits réservés - Journal des Femmes Santé

Grâce à ces analyses, les chercheurs ont pu mettre en évidence le fait qu'un cerveau "mourant" est encore capable d'être actif. Les patients pourraient posséder une conscience secrète pendant le processus de la mort. Ils suggèrent également la nécessité de réévaluer le rôle du cerveau lors d'un arrêt cardiaque. Bien entendu, les mécanismes et la signification physiologique de ces découvertes restent à explorer pleinement, d'autant que l'étude a été menée sur un échantillon de personnes très réduit, tiennent à préciser les chercheurs. 

Source : Surge of neurophysiological coupling and connectivity of gamma oscillations in the dying human brain, PNAS, 1er mai 2023