La France est-elle trop souple sur le tabac et l'alcool ?
Publicité, contrôle des ventes aux mineurs, prix minimum... Comment mieux lutter contre la consommation excessive de tabac et d'alcool ? Le Conseil économique, social et environnemental dévoile, ce mercredi 9 janvier 2018, 18 mesures dans un projet d'avis.
Le tabagisme et la consommation nocive d'alcool représentent respectivement les première et deuxième causes de mortalité évitables en France. En effet, selon les chiffres de l'Institut national de la veille sanitaire et Santé Publique France de 2013, le tabac fait plus de 73 000 victimes par an. L'alcool est quant à lui responsable de 49 000 décès chaque année et constitue la première cause de mortalité chez les 18-25 ans. La lutte contre le tabagisme et contre la consommation nocive d'alcool représente donc une priorité pour le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), qui a présenté ce mercredi 9 janvier 2019 ses préconisations, dans le cadre d'un partenariat avec la Cour des Comptes. Le CESE souhaite ainsi aller plus loin que le Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022 dévoilé mardi 8 janvier 2019. "Cela implique d'agir sur plusieurs leviers qui, pour être efficaces, doivent être utilisés de manière complémentaire : la fiscalité, la politique des prix, le respect de la réglementation et la prévention", précise le CESE dans son projet d'avis. Alors, quelles sont les mesures proposées ?
Définir un prix minimum dans les "lieux de fête"
Le CESE suggère de relever les droits d'accise (représentent les taxes indirectes qui touchent la consommation d'alcool) sur l'ensemble des boissons alcoolisées et de revoir les niveaux de fiscalité entre catégories de boissons (vin, bière, spiritueux). Surtout, il propose de définir un "prix plancher" pour les boissons alcoolisées notamment vendues dans les "lieux de fête", comme c'est déjà le cas dans certains pays (comme l'Ecosse par exemple). "L'idée, c'est d'instaurer un prix minimum dans tous les lieux qui ont l'habitude de pratiquer des prix bas pour l'alcool, c'est-à-dire les lieux de fêtes pour les étudiants ou les fêtes professionnelles", insiste la co-rapporteure de l'avis, Marie-Josée Augé-Caumon à l'AFP. Interrogée sur BFMTV, la ministre de la santé Agnès Buzyn a réagi à l'éventuelle instauration de cette mesure : "c'est très compliqué d'imposer un prix minimal dans certains lieux et pas dans d'autres. C'est une belle proposition, mais techniquement très compliqué [à mettre en place]", déclare-t-elle.
Mieux respecter la législation et la réglementation
Ces dernières doivent être améliorées selon le CESE qui recommande de durcir l'interdiction de la vente de tabac et d'alcool aux mineurs. L'organisme souhaiterait par ailleurs mieux appliquer la loi consistant à interdire la publicité pour les boissons alcoolisées à proximité des lieux d'éducation et de formation (collèges, lycées...). Enfin, pour le CESE, augmenter le nombre de contrôles d'alcoolémie sur la route et simplifier leur mise en oeuvre permettrait de davantage lutter contre l'alcoolémie au volant.
Améliorer la prévention et la prise en charge
Pour le CESE, cela passe par une formation plus complète des professionnels et un repérage plus précoce des addictions (ou plus largement, d'un problème lié à la consommation de l'alcool ou du tabac). "La prévention implique également, parce qu'il n'existe pas de société sans drogues, de faire preuve de pragmatisme, en préférant la réduction des risques et des dommages à une société idéalisée, mais hors de portée. Car en effet, si elle est aujourd'hui largement intégrée par les professionnelles et professionnels, la réduction des risques n'est pas encore suffisamment comprise par l'opinion publique et trop peu intégrée dans les politiques publiques en ce qui concerne le tabac et l'alcool", regrette le CESE. Enfin, ce dernier espère que les structures de réduction des risques et de prise en charge (Centres d'accueil, d'accompagnement et de soins en addictologie (CSAPA), les Centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue (CAARUD), les Consultations jeunes consommateurs) soient davantage connues de tous et davantage articulés avec le reste du système de santé.