43 millions de Français prennent ce médicament : il est dangereux pour les reins, surtout après 65 ans
Une étude de longue durée met en lumière des complications que l'on n'associe pas toujours à ce médicament.

Plus de 415 millions de boîtes délivrées en un an auprès de 43 millions de patients. Présent dans presque toutes les armoires à pharmacie, ce médicament est un allié contre les douleurs du quotidien. S'il est si utilisé, c'est parce qu'il bénéficie d'une image de médicament sûr et bien toléré. Ce qui est vrai dans la majeure partie du temps mais une nouvelle étude met en lumière un lien entre sa prise régulière et plusieurs complications "graves" notamment pour les reins des plus de 65 ans.
Les auteurs ont examiné les données de santé de plus de 180 000 personnes prenant ce médicament régulièrement et les ont comparées à celles de plus de 400 000 personnes qui n'en prenaient pas. "L'objectif principal était d'examiner la sécurité de [cet] acétaminophène oral à sa dose thérapeutique chez les adultes âgés de 65 ans et plus", expliquent les chercheurs dans "Arthritis Care & Research". En suivant ces patients sur 20 ans (de 1998 à 2018), ils ont observé que le groupe exposé au traitement présentait "un risque accru de perforation, d'ulcération ou de saignement, d'ulcères gastroduodénaux, de saignement gastro-intestinal, d'insuffisance cardiaque et d'hypertension". Le résultat le plus inquiétant concernait les reins.
Chez les personnes de plus de 65 ans prenant chroniquement cet analgésique, le risque de développer une maladie rénale chronique augmentait d'environ 20% par rapport à celles qui n'en prenaient pas. Les chercheurs ont également mis en évidence une relation "dose-réponse" évidente : plus la consommation du médicament était importante et régulière, plus il était mauvais pour les reins. Le médicament en question est le paracétamol, également appelé acétaminophène et présent dans les populaires Doliprane©, Dafalgan© ou Efferalgan©. "Malgré son innocuité apparente, le paracétamol est associé à plusieurs complications graves" déclarent les scientifiques. Selon le site Statista, la France est la plus importante consommatrice de paracétamol en Europe.
La prudence est donc de mise chez les seniors. "Son utilisation comme analgésique oral de première intention pour les affections chroniques chez les personnes âgées doit être soigneusement réévaluée" estiment-ils. En France, l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) rappelle les règles de bon usage du paracétamol : prendre la dose la plus faible possible, sur la durée la plus courte, respecter un intervalle d'au moins 4 à 6 heures entre les prises et ne jamais dépasser la dose maximale recommandée (généralement 3 grammes par jour pour un adulte sans pathologie particulière). Enfin, il est essentiel de demander l'avis d'un médecin ou d'un pharmacien, surtout en cas de traitement prolongé.