Pris par 9 millions de Français, ce médicament empêche de bien dormir et nuit au cerveau
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Pris par 9 millions de Français, ce médicament empêche de bien dormir et nuit au cerveau

Le pire c'est que beaucoup le prennent pour améliorer leur sommeil...

Difficultés à s'endormir, à faire une nuit complète... Des milliers de personnes souffrent d'insomnie, particulièrement les personnes âgées. Mal dormir altère la qualité de vie et augmente le risque de déclin cognitif et de démence dans la population vieillissante. La prise de médicaments pour dormir est la solution privilégiée par beaucoup. Or certains traitements peuvent faire plus de mal que de bien, selon l'étude de chercheurs canadiens. "En plus de ne pas être très sûrs, ces médicaments aggravent la qualité du sommeil, ce qui peut nuire à la santé du cerveau", prévient le Dr Thanh Dang-Vu, neurologue et co-auteur de l'étude.

Son équipe a analysé le sommeil de 101 personnes âgées de 55 à 80 ans, réparties en trois groupes : des bons dormeurs, des personnes souffrant d'insomnie sans traitement, et des insomniaques utilisant un médicament en particulier, plus de trois fois par semaine depuis plus de trois mois. Grâce à des enregistrements nocturnes, les chercheurs ont scruté en détail la structure de leur sommeil et mesuré leurs oscillations cérébrales. D'après les résultats publiés dans la revue Sleep, le groupe qui prenait le fameux médicament dormait moins et moins bien. Leur sommeil profond, essentiel pour récupérer et consolider la mémoire, était réduit, tandis que les phases superficielles étaient plus longues.

Le coupable ? Des somnifères bien connus pris par 9 millions de Français selon l'ANSM : les benzodiazépines et molécules apparentées (les "médicaments en Z"). Ils sont prescrits en France sous des noms comme le Lexomil® (bromazépam), le Xanax® (alprazolam), le Valium® (diazépam), le Stilnox® (zolpidem) ou encore l'Imovane® (zopiclone). L'étude montre que, non seulement ces traitements réduisent le sommeil profond, mais qu'ils altèrent aussi la synchronisation des ondes cérébrales, un processus crucial pour la mémorisation. Plus la dose est élevée, plus le sommeil est mauvais. Ces altérations pourraient en partie expliquer pourquoi l'usage chronique d'une benzodiazépine est lié à un risque plus élevé de troubles cognitifs chez les personnes âgées.

Face à ce constat, il est crucial de ne pas arrêter brutalement son traitement, ce qui pourrait provoquer une "insomnie de rebond". La recommandation des chercheurs est une diminution très progressive, toujours encadrée par un médecin. En France, la durée de traitement ne doit pas dépasser 3 semaines pour les benzodiazépines et apparentés. En parallèle, des gestes simples peuvent grandement améliorer la qualité du sommeil. Pratiquer une activité physique suffisante dans la journée. Adopter des horaires de coucher et de lever réguliers. Éviter les écrans au moins une heure avant de dormir et privilégier une activité calme comme la lecture. Enfin, limiter les excitants (café, thé, alcool) après 17 voire 16 heures.