Ce médicament prescrit depuis 40 ans peut être dangereux pour le coeur, alertent des experts internationaux
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Ce médicament prescrit depuis 40 ans peut être dangereux pour le coeur, alertent des experts internationaux

Ce traitement de référence peut avoir des "effets nocifs", surtout chez les femmes.

Il fait partie des médicaments les plus prescrits dans le monde pour protéger le cœur. Pourtant, une nouvelle étude internationale montre que ce traitement de référence pourrait être inutile dans certains cas, voire mauvais pour le coeur. "Si nous testons souvent de nouveaux médicaments, il est beaucoup plus rare de remettre en question rigoureusement la nécessité des anciens" explique le Dr Borja Ibàñez, co-auteur de l'étude menée en Espagne et en Italie.

Avec son équipe, il a suivi 8438 patients pendant près de quatre ans. Tous avaient eu un infarctus du myocarde mais conservé une fonction cardiaque intacte. Une moitié a reçu le traitement, l'autre non. Les chercheurs ont comparé la survenue de trois événements graves : décès, nouvel infarctus et hospitalisation pour insuffisance cardiaque. Leurs résultats montrent que la prise du médicament n'apporte aucun bénéfice aux patients. Une sous-étude avance que ses effets diffèrent entre les hommes et les femmes.

Chez les hommes, la prise de bêtabloquants - le fameux type de médicament donné depuis des décennies après un infarctus - n'a pas eu d'incidence notable sur leur santé cardiaque. En revanche, chez les femmes, "le traitement par bêtabloquants a été associé à des effets nocifs, en particulier celles qui recevaient des doses plus élevées" rapportent les scientifiques dans l'European Heart Journal. D'après leurs observations, environ 1 femme sur 100 de plus chaque année, traitée par bêtabloquants après un infarctus, était touchée par l'un des trois événements graves analysés. Les bêtabloquants ne seraient donc pas bénéfiques aux femmes ayant fait un infarctus avec une fonction cardiaque préservée. En France, les plus prescrits sont le bisoprolol (Cardensiel®), le carvedilol (Kredex®) et le métoprolol (Sélectol®, Lopressor®).

Pour le Dr Ibáñez, ces conclusions vont "révolutionner les pratiques cliniques à l'échelle mondiale". Pendant longtemps, les bêtabloquants ont été recommandés à presque tous les patients après un infarctus pour limiter les récidives et complications. Les premières grandes études, comme le BHAT (Beta-Blocker Heart Attack Trial, JAMA 1982), ont montré un net bénéfice en termes de survie. Aujourd'hui, avec les progrès de la prise en charge (angioplastie, pose de stents, statines, antiagrégants plaquettaires), leur utilité est de plus en plus discutée. "Dans ce nouveau contexte, la nécessité des bêtabloquants est incertaine" estime le médecin. "Ces résultats pourraient réduire les effets secondaires et améliorer la qualité de vie de milliers de patients."