Les femmes délaissent peu à peu la pilule
50 ans après la légalisation de la contraception en France, comment les femmes vivent-elles leur contraception ? La crise des pilules de 2012 a-t-elle eu un impact ? Santé publique France publie un état des lieux sur l'évolution des pratiques contraceptives en France depuis 2010.
En 2012, la plainte déposée par une jeune femme contre un laboratoire pharmaceutique en raison d'un accident thrombo-embolique veineux survenu alors qu'elle utilisait une pilule oestroprogestative de troisième génération a suscité un débat médiatique intense sur la sécurité des contraceptifs. Les risques et défauts d'information associés aux méthodes de contraception médicalisées avaient alors été mis en avant et conduit au déremboursement des pilules de 3e et 4e génération en mars 2013. Santé publique France observe qu'"immédiatement après le débat, une baisse globale de l'utilisation des pilules contraceptives et un report vers le DIU et le préservatif" ont été constatés.
A distance de ce débat, ces modifications se seront-elles maintenues dans le temps, se demande aujourd'hui Santé publique France ? A l'occasion de la Journée mondiale de la contraception le 26 septembre, Santé publique France publie les premières données du Baromètre Santé 2016 sur les pratiques contraceptives des femmes et leurs évolutions depuis 2010. Il s'agit d'une enquête réalisée par téléphone auprès de plus de 4 000 femmes âgées de 15 à 49 ans.
Plus de sept femmes sur dix recourent à une méthode médicalisée
Implant contraceptif, patch, anneau vaginal… Les méthodes contraceptives se sont diversifiées progressivement en France. Mais force est de constater que les Françaises demeurent attachées au même schéma contraceptif, à savoir : le préservatif à l'entrée dans la sexualité, la pilule au moment de la mise en couple, remplacée par le Dispositif Intra Utérin (DIU), une fois le nombre d'enfants désirés atteint. Par ailleurs, si l'on a craint après 2012 un retour des méthodes contraceptives naturelles, comme le ciblage des rapports en dehors des dates de fécondabilité ou le retrait, les femmes plébiscitent toujours les méthodes contraceptives médicalisées (71,8% des femmes). De même, la proportion de femmes n'utilisant aucune méthode de contraception est restée inchangée entre 2013 et 2016, ne montrant pas de désaffection vis-à-vis de la contraception.
La désaffection pour la pilule se confirme
La dernière étude menée par l'Ined et l'Inserm en 2014 avait déjà suggéré une "reconfiguration du paysage contraceptif", en particulier un moindre recourt à la pilule. Ce nouveau baromètre le confirme : "même si la pilule reste la méthode de contraception la plus utilisée, en particulier chez les moins de 25 ans, elle connaît une désaffection qui persiste depuis 2012 suite au débat sur les risques liés aux pilules de 10 à 40,5 % en 2013 et 36,5 % en 2016. A la place de la pilule, les femmes ont privilégié le DIU (+6,9 point), le préservatif (+4,7 points) et l'implant (+1,9 points).
Santé Publique France observe que les jeunes femmes, entre 20 et 30 ans, ont de plus en plus recours au préservatif, comme méthode contraceptive : leur utilisation est passée de 9 % en 2010 à 19 % en 2016 chez les 20-24 ans et a progressé de presque 9 points chez les 25-29 ans. A cet âge là, "soit elles abandonnent la pilule pour des méthodes à l'efficacité plus élevée (DIU, implant), soit au contraire, pour le préservatif, certes efficace contre les infections sexuellement transmissibles, mais moins sur le plan contraceptif", souligne Delphine Rahib, chargée d'étude à l'unité santé sexuelle de Santé publique France.
En savoir plus
Le site référent conçu par Santé publique France, www.choisirsacontraception.fr, propose une information complète et éclairée sur la contraception. L'ensemble des méthodes contraceptives y est présenté (avantages, inconvénients, comment elle s'utilise…). Avec aussi des informations plus générales pour comprendre comment aborder le sujet de la contraception en couple, avec un proche ou un professionnel.