Vers une rénovation du programme de dépistage du cancer du sein
A l'occasion d'octobre rose, Santé publique France publie ses dernières données d'incidence et de dépistage du cancer du sein en France. Dans le même temps, le ministère de la Santé annonce une refonte du programme de dépistage.
Depuis 2004, toutes les femmes de 50 à 74 ans sont invitées à faire une mammographie tous les deux ans pour détecter une éventuelle tumeur, et tous les ans pour celles qui présentent des risques accrus de développer un cancer du sein.
En 2015, 51,5 % des femmes entrant dans ce cadre ont effectivement réalisé une mammographie, soit un taux de participation inférieur aux critères européens, qui définissent comme "acceptable" un taux de couverture de 70 %, explique Santé publique France dans un document synthétique sur l'incidence du cancer du sein, et publié à l'occasion d'octobre rose. En parallèle de ce programme organisé, environ 10 % des mammographies sont réalisées à l'initiative des femmes ou de leurs médecins.
Le programme est-il efficace ? Entre 2013 et 2014, environ 37 000 cancers du sein ont été détectés grâce au programme de dépistage organisé du cancer du sein, soit un taux de détection de 7,4 pour 1 000 femmes dépistées, indique Santé publique France. "Parmi ces cancers détectés, 15 % sont des carcinomes canalaires in situ, 37 % sont de taille inférieure ou égale à 10 mm et 77 % n'ont pas d'envahissement ganglionnaire."
Le suivi des principaux indicateurs d'évaluation, qui a maintenant plus de 10 ans de recul, montre ainsi un programme "de qualité". Cependant, "l'estimation de l'impact du programme de dépistage sur la diminution de la mortalité par cancer du sein, ses bénéfices sur la qualité de vie ainsi que les risques induits, en particulier le surdiagnostic, restent des questions importantes", souligne le rapport. Aussi, l'agence de santé publique préconise de mettre en place les outils épidémiologiques pour estimer cette efficacité "en vie réelle" et dans le contexte actuel en France. Elle précise en effet que le dépistage induit la détection d'un certain nombre de cancers qui ne se seraient pas manifestés en l'absence de dépistage (on parle de "surdiagnostic").
Rappelons que depuis plusieurs années, le dépistage est controversé. L'objet de la polémique est double : non seulement le bénéfice du dépistage organisé (c'est-à-dire la réduction de la mortalité par cancer du sein) serait insuffisant. Mais en plus, les mammographies dépisteraient trop de cancers du sein, notamment certaines lésions précancéreuses de stade 0, appelées "carcinomes in situ", qui correspondent à des cellules cancéreuses "dormantes", pouvant évoluer en cancer... ou pas. Sur les 15 % de lésions précancéreuses dépistées dits "cancers in situ" (soit un peu plus de 2 000 chaque année), 10 à 30 % seraient pris en charge à tort.
Dans un communique de presse, Marisol Touraine a par ailleurs annoncé une rénovation profonde du programme de dépistage organisé du cancer du sein, suite aux recommandations issues de la concertation citoyenne et scientifique lancée il y a un an. Il ressort qu'il est nécessaire de "moderniser le programme de dépistage organisé du cancer du sein en développant un parcours plus personnalisé, fondé sur une meilleure information des femmes, mieux coordonné et impliquant davantage le médecin traitant." Un plan d'action sera présenté d'ici la fin de l'année par l'INCa et la direction générale de la santé.
L'incidence du cancer du sein se stabilise. L'incidence du cancer du sein s'est stabilisée, selon les dernières estimations (2012), autour de 49 000 nouveaux cas de cancer du sein par an. Le cancer du sein est considéré comme un cancer de bon pronostic : on en guérit dans 9 cas sur 10 lorsqu'il est dépisté à un stade précoce. Le taux de mortalité baisse depuis 1995, mais malgré tout, on estime que le cancer du sein tue encore 12 000 femmes chaque année, c'est la première cause de mortalité par cancer chez la femme en France.