La pilule a t-elle des effets sur la fertilité ?
La pilule altère-t-elle la fertilité des femmes ? Rend-elle même stérile ? Le point avec Béatrice Guigues, gynécologue et membre du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
Depuis 2013, la pilule connaît un véritable désintérêt de la part des Françaises qui s'inquiètent des différents scandales à son propos (effets des pilules 3e génération...), selon l'Agence nationale de sécurité du médicament. Si bien qu'aujourd'hui, seules 41 % des femmes y ont recours (selon une étude de l'Ined et de l'Inserm). En 2014, une enquête danoise présentée au congrès annuel de la "European Society of Human Reproduction and Embryology" est venue altérer l'image de la pilule en pointant de possibles effets sur la fertilité des femmes. En bloquant l'ovulation, elle diminuerait la capacité de reproduction des femmes. Ces résultats sont-ils vraiment inquiétants ? La pilule peut-elle baisser la fertilité, voire même rendre stérile ? On fait le point avec le Dr Béatrice Guigues, gynécologue et membre du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
Sous pilule depuis des années, ai-je des risques d'être stérile ?
Alors, a-t-on raison de soupçonner une altération de la réserve ovarienne (et donc de la fertilité) chez les femmes sous pilule ? Une femme qui prend la pilule depuis des années peut-elle avoir une fertilité en baisse ? "Jusqu'à présent, aucune étude ne montre une différence entre la fertilité des femmes qui prennent la pilule depuis longtemps et les autres" rassure la gynécologue. On peut ainsi prendre la pilule pendant des années et avoir une ovulation quelques semaines après son arrêt.
L'experte est d'ailleurs très réservée quant aux résultats de cette étude dont les détails n'ont pas été communiqués. Elle considère toutefois que ces résultats ne sont pas alarmants et qu'ils sont surtout incomplets. En effet l'étude a été réalisée sur 833 femmes et s'est intéressée qu'à seulement deux paramètres : le nombre de follicules ("poches" qui stockent les ovules) présents dans l'ovaire et le niveau d'hormones AMH, contrôlant le développement de ces follicules. Les analyses montrent que la réserve ovarienne serait réduite temporairement, mais n'indique pas le taux de récupération des follicules après l'arrêt de la pilule, précisent les auteurs de l'étude. Et surtout, l'étude a été réalisée alors que les femmes étaient encore sous pilule. "Il faudrait réaliser une étude équivalente 3 mois après l'arrêt de la contraception orale", tient à préciser le Dr Guigues. "D'autres études sont nécessaires pour établir les phases de récupération de la réserve ovarienne après l'arrêt de la pilule", confirme également le professeur Katherine Birch Petersen, auteure principale de l'étude.
Délai moyen pour tomber enceinte après l'arrêt de la pilule
Après avoir pris la pilule contraceptive pendant des années, de nombreuses femmes s'interrogent pour savoir sous quel délai elles pourront avoir un bébé. Sachez que la reprise d'un cycle normal est variable et peut prendre du temps. "Généralement, on observe une reprise du cycle normal au bout d'un mois et demi, mais certaines femmes sont enceintes 15 jours après l'arrêt de la pilule et sans apparition préalable de règles" précise Béatrice Guigues, gynécologue. D'autres peuvent avoir des retards d'ovulation de quelques mois et tomber enceinte un peu plus tard. N'oubliez pas que la fertilité baisse avec l'âge, d'où parfois des difficultés à concevoir...
Bon à savoir : le seul contraceptif qui n'a pas d'action sur la date de l'ovulation à son arrêt, c'est vers le DIU au cuivre (contraception sans hormones) ou anciennement appelé stérilet qu'il faudra vous tourner. "C'est la meilleure solution puisqu'il cesse d'avoir des effets sur les cycles dès son retrait" indique la spécialiste. |
Essais bébé infructueux : quand s'inquiéter ?
Nombreux sont les couples à s'inquiéter dès lors que plusieurs tentatives pour faire un bébé échouent. Mais à quel moment est-il raisonnable de se tourmenter ? "En l'absence de toute histoire particulière chez la femme et chez l'homme, et pour des futurs parents jeunes, il ne faut pas consulter avant un an" conseille Béatrice Guigues.