C'est le fruit d'hiver à ne jamais manger à jeun : il fait chuter la glycémie et cause des malaises
Apprécié pour sa chair juteuse et parfumée, ce fruit demande une précaution de dégustation pour être savouré sans risque.
C'est un fruit incontournable des corbeilles de fruits, pourtant il est associé à un risque métabolique peu connu. En effet, si ses bienfaits sur l'immunité sont indéniables, ce fruit demande une précaution d'usage : ne jamais le consommer l'estomac vide. Des travaux scientifiques ont démontré que certaines de ses molécules peuvent interférer avec la régulation naturelle de notre sucre sanguin. Cela rappelle qu'en nutrition, le moment de la dégustation compte tout autant que le contenu de l'assiette.
Les chercheurs ont analysé des cas de malaises inexpliqués survenus chez des enfants. Les conséquences observées étaient sérieuses : des hospitalisations pour des "crises convulsives aiguës" et une "altération de l'état mental" ont été rapportées. Leurs conclusions sont formelles : la consommation de ce fruit, lorsqu'elle est couplée à une absence de repas (un estomac vide), devient un facteur déclencheur de ces troubles sévères. En cause : deux toxines naturelles, l'hypoglycine A et le MCPG, qui sont présentes dans le fruit, surtout de manière élevée lorsqu'il n'est pas totalement mûr. Ces molécules bloquent la néoglucogenèse, c'est-à-dire la capacité du foie à fabriquer du glucose (sucre) lorsque nos réserves sont basses car nous n'avons pas mangé depuis plusieurs heures.
Le fruit coupable est le litchi. L'étude précise que ces toxines entraînent une "perturbation sévère du métabolisme", empêchant le corps de corriger une baisse de régime naturelle. Concrètement, si vous mangez des litchis à jeun, les toxines "verrouillent" la porte de vos réserves d'énergie. Cela provoque une chute brutale de la glycémie (taux de sucre dans le sang), car le corps ne peut ni puiser dans le fruit (qui contient peu de glucides complexes), ni fabriquer son propre sucre. C'est ce manque de carburant immédiat qui affame le cerveau et peut provoquer un malaise.

Il ne faut pas céder à la panique. Les études montrent que le risque de malaise grave à cause du litchi concerne principalement : les enfants car leurs réserves de sucre dans le foie sont beaucoup plus faibles que celles des adultes ; les personnes malnutries ou à jeun depuis longtemps (si vous avez sauté le dîner et que vous mangez 20 litchis au réveil, le risque est réel) et la consommation de litchis non mûrs. Les fruits un peu verts contiennent jusqu'à 2 à 3 fois plus de toxines (hypoglycine A) qu'un litchi bien mûr (rose/rouge). Pour un adulte en bonne santé qui mange quelques litchis mûrs, le corps dispose généralement d'assez de réserves pour contrer l'effet des toxines. Le risque est donc très faible, mais il reste biologiquement déconseillé d'en faire un repas exclusif l'estomac vide.
Le litchi reste par ailleurs un fruit bon pour la santé, pour plusieurs raisons. Une étude menée par l'Université de médecine traditionnelle chinoise du Heilongjiang a mis en lumière la richesse de ses polysaccharides. Les auteurs saluent ses "remarquables propriétés nutritionnelles" qui offrent un double bénéfice : un "effet immunorégulateur" pour stimuler les défenses et un "effet prébiotique" efficace pour nourrir les bonnes bactéries de la flore intestinale. Le litchi est aussi un fruit qui contient plus de vitamine C que l'orange ou le pamplemousse (environ 70 mg pour 100g). Il concentre aussi une teneur intéressante en potassium, ce qui participe à la régulation de la pression artérielle. C'est donc un fruit de l'hiver à consommer avec modération, surtout le matin.